Les dons en baisse de 50% dans les banques alimentaires

Daniela Vargas Rojas

drojas@canadafrancais.com

Les dons en baisse de 50% dans les banques alimentaires
Ian Labelle, directeur général de la SSVP de Saint-Jean, affirme recevoir moins de dons de légumes. Dans ce frigo, l'organisme stockait auparavant ses surplus d'oignons et de patates, qui atteignaient le plafond. (Photo : (Photo Le Canada Français - Kim Valiquette))

Depuis le début de l’année, les dons acheminés à la Société Saint-Vincent de Paul (SSVP) de Saint-Jean ont chuté de 50 %. En conséquence, l’organisme ne pourra plus offrir de distribution des surplus les mardis à partir du 3 juin. De son côté, Moisson Rive-Sud se dit inquiet par la forte augmentation des demandes en aide alimentaire. Les deux organismes attribuent notamment cette situation par l’imposition des tarifs douaniers par les États-Unis et au changement de fonctionnement de certaines entreprises.

« Avant la journée de distribution, mon mur était plein, maintenant mes caissons sont presque vides. On ne reçoit presque plus de fruits et légumes. Lors des journées de distribution des surplus, j’achète du lait et de la viande parce que sinon, mes usagers n’auront rien. Je suis reconnaissante de l’aide des épiciers du coin. J’achète aussi des légumes de base comme des carottes, oignons et patates. Sinon, j’achète des légumes en conserve », relate Guylaine Hébert, la gérante du comptoir de la banque alimentaire de la Société Saint-Vincent de Paul.

À cause d’une diminution de près de la moitié du nombre de dons, l’organisme a avisé ses usagers le 9 mai que la distribution des surplus du mardi n’aura plus lieu à partir du 3 juin. La SSVP de Saint-Jean a décidé de concentrer ses énergies dans la distribution des paniers du jeudi et du mercredi. La distribution des surplus du vendredi aura encore lieu.

« Le visage de la pauvreté a beaucoup changé. Ce qui est inquiétant, ce sont les personnes âgées, car les pensions de vieillesse n’ont pas suivi le coût de la vie. On a plus de travailleurs aussi. On a décidé de changer parce que nos usagers sont mécontents d’avoir moins de nourriture le mardi. Notre mission première est la distribution des boîtes le mercredi et le jeudi. On va tenter de ramener notre public pour que les gens viennent chercher leurs boîtes alimentaires ou le surplus de vendredi. On pourra ainsi les accompagner de plus proche », explique Mme Hébert.

Gestion des invendus

Selon le directeur général de la SSVP de Saint-Jean, Ian Labelle, les gens d’affaires ont revu leur manière de travailler depuis que Donald Trump a été élu. Pour lui, toute la réalité des banques alimentaires est en train de changer.

« Les épiceries ont décidé de gérer les inventaires à la base de la chaîne avec les applications de gaspillage alimentaire. Avec les prix des aliments qui ont augmenté, les épiciers revendent les invendus. Ils essaient de faire plus de profits. On n’est pas contre ces applications. Elles aident un certain public. Le problème est que maintenant, on ramasse des aliments qui ne sont plus bons », explique Ian Labelle.

Le directeur de Moisson Rive-Sud, Dany Hétu, explique que l’organisme reçoit 30 % moins de dons de la part des épiceries que l’année dernière à pareille date. « On voit une diminution dans les invendus des épiceries qu’on ramasse depuis que les initiatives pour éviter les gaspillages sont plus présentes. Le volume de denrées qu’on reçoit diminue semaine après semaine. On voit une tendance qui se maintient. Par contre, pour nous, il n’y a pas de lien causal entre l’imposition des tarifs douaniers et la diminution de la nourriture », ajoute M. Hétu.

Demande à la hausse

De plus, l’organisme d’aide alimentaire qui dessert toute la Rive-Sud ressent plus de pression de la part des groupes communautaires depuis l’élection de Trump. « La pression causée par les demandes a plus d’impact pour nous que les tarifs douaniers sur les produits qu’on achète ou qu’on récupère. On est dans des fourchettes qui vacillent autour de 20 % par année. C’est astronomique le nombre de personnes qui passent nos portes. Les demandes sont en forte explosion parce que la démographie augmente », ajoute Dany Hétu.

Également, le directeur de Moisson Rive-Sud explique que depuis janvier, il est plus difficile de trouver des entreprises commanditaires pour les événements philanthropiques. Il affirme que les entreprises sont nerveuses face aux tarifs douaniers.

« Les entreprises vont compresser ou diminuer certaines parties de leur budget. On n’a généralement pas trop de difficulté à trouver des commanditaires à pareille date. Avant l’élection, on n’avait pas de difficulté à ce niveau, mais depuis que la menace tarifaire a commencé à planer, il est plus difficile d’aller chercher une entreprise, surtout si le montant est élevé », ajoute M. Hétu.

Les deux organismes sont actuellement à la recherche de solutions. Ils invitent la population à faire un don en argent sur leurs sites Internet. La SSVP rappelle à tous les citoyens qu’elle reçoit des dons en denrées sur la rue Laurier du lundi au vendredi.

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