La Société Alzheimer Haut-Richelieu (SAHR), comme bien d’autres organismes, fait les frais des coupes budgétaires en santé au Québec. L’organisme, qui offre un service de répit à domicile, craint des compressions budgétaires importantes pour l’année 2025-2026.
« Les fonds ne sont jamais à la hauteur des besoins. La valeur de nos besoins se situerait plus à 437 000$ par année, et nous, actuellement, on reçoit 250 000$ par année », déplore Nathalie Mercier, directrice générale à la SAHR.
La SAHR offre des heures de répit aux proches aidants de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Dans ces moments d’intervention, une intervenante de l’organisme effectue du travail de stimulation cognitive, de socialisation et de maintien des sens avec la personne atteinte. Le répit donne donc un repos à l’aidant naturel tout en étant bénéfique pour la personne aidée.
Or, les coupes budgétaires annoncées par Québec en septembre 2024 pourraient bien forcer le SAHR à réduire son offre de services.
Taux insuffisant
Le 1er avril, l’organisme basé à Iberville apprendra le montant qui lui sera accordé par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre pour ses activités de l’année financière 2025-2026. Le financement de la SAHR concernant le soutien à domicile s’établit selon un taux horaire de 30,31$ pour chaque heure de répit. Le montant octroyé à l’organisme représente donc un nombre d’heures de répit à distribuer dans l’année aux patients atteints d’Alzheimer dans le Haut-Richelieu et à leurs proches aidants.
Ce taux est insuffisant, selon Nathalie Mercier. Il devrait couvrir le salaire de l’intervenante, en plus du kilométrage – la SAHR couvre un territoire comptant 34 municipalités -, des frais administratifs de l’organisme et des frais de formation, obligatoires pour les intervenantes. « L’année passée, juste notre organisation, on était déficitaires de 443 349$. Nous devrions être en mesure de redresser la situation en 2024-2025 et réduire notre déficit à 275 000 $ environ », révèle la directrice générale.
« C’est un défi énorme de rattraper ça, tout en augmentant les salaires, tout en voyant venir les frais exponentiels de parc informatique, par exemple », ajoute-t-elle. Santé Québec précise par ailleurs que les nouveaux patients doivent être pris en charge malgré les coupes. Selon le SAHR, 17 000 personnes sont en attente d’un premier service de soutien à domicile au Québec.
Changer de stratégie
«Ils disent « serrez-vous la ceinture, coupez dans le gras ». Là, il n’y en a plus de trous dans notre ceinture », illustre Lyne Laporte, directrice adjointe du répit à la SAHR.
Mme Laporte croit que le ministère de la Santé et des Services sociaux devrait réorganiser la distribution des sommes dans le milieu de la santé au lieu de multiplier les coupes budgétaires. Elle croit que plus de moyens devraient être mis en place pour prévenir des maladies comme l’Alzheimer. « Moi, j’offre du répit. Je devrais être le dernier recours », rappelle-t-elle. Or, dans plusieurs cas, le SAHR est la première ressource vers laquelle les patients sont dirigés après leur diagnostic.
L’année 2024-2025 a également mis en lumière l’insuffisance des sommes accordées par le gouvernement au programme d’accès à domicile. Un communiqué de la SAHR rapporte que des patients se sont vu refuser leur demande de subvention pour effectuer des travaux d’aménagement à leur domicile, puisque le budget de l’année était épuisé.
Déjà, le SAHR a dû rendre certains services payants. « On ne fait aucun profit, au contraire, et on a ajouté de la facturation, comme d’autres organismes, pour pouvoir couvrir le manque à gagner », explique Nathalie Mercier. Lyne Laporte s’inquiète de l’impact plus large des coupes: « Les gens moins nantis vont écoper de ça. »
