En vigueur depuis le samedi 14 décembre, le congé de taxe fédérale sur les produits et services (TPS) de 5 % applicables à certains articles exaspère des restaurateurs et commerçants du Haut-Richelieu.
Annoncé par le gouvernement Trudeau le 21 novembre, ce congé temporaire de TPS devait soulager le fardeau financier des consommateurs canadiens à l’approche des Fêtes, et ce, jusqu’au 15 février 2025. Or, c’est plutôt un poids de plus qui s’est ajouté pour les entrepreneurs. Les restaurateurs interrogés doutent que cette pause de taxes incite les clients à plus fréquenter les restaurants.
« Pour deux mois, honnêtement, pour tout le trouble que ça donne, ce n’est pas nécessaire », croit Steve Trépanier, propriétaire du restaurant Steve Steakhouse, sur le boulevard du Séminaire Nord. M. Trépanier précise qu’il a dû dépenser environ 1300 $ « pour jouer dans l’ordinateur » et ajuster le système de paiement afin de retirer la TPS des ventes.
Une mesure insuffisante
Les repas vendus dans les restaurants seront exemptés de TPS pour les deux prochains mois. Le congé de taxe ne s’applique toutefois pas aux livraisons de nourriture, précise Isabelle Gingras, copropriétaire du restaurant Le Dorchester, dans le Vieux Saint-Jean.
« Je ne pense pas que 5 % [de rabais] sur l’achat d’un hamburger, ça fait que le client est très heureux de ça, commente Mme Gingras. Je pense que ça aurait dû être ciblé plus sur des items qui auraient vraiment fait une différence. »
Le même son de cloche retentit du côté des épiciers. Véronique Benjamin, directrice au IGA Extra Gladu, confirme qu’elle a dû mettre à l’horaire plus d’employés que d’habitude pour effectuer les modifications de prix à temps. « Le travail que ça demande pour ce que ça va faire sauver aux clients… Je ne pense pas que les gens vont acheter plus de bières ou plus de sandwiches déjà faits parce qu’il n’y a pas de taxes », raisonne-t-elle.
Comme Isabelle Gingras, Véronique Benjamin soutient qu’il aurait été plus efficace d’allouer une plus grande réduction sur une plus petite sélection de produits. « J’aurais concentré ça sur quelque chose en particulier, peut-être sur les vêtements ou sur le compte d’électricité », propose la directrice.
Difficultés administratives
Le congé de TPS sera en vigueur du 14 décembre au 15 février 2025. Les commerçants comme Isabelle Gingras anticipent déjà la complexité de la déclaration de revenus à venir : « C’est sur deux trimestres, sur deux années, sur trois mois, donc l’impact comptable est très lourd ».
Une bonne partie des produits inclus dans ce congé de TPS est destinée aux enfants. Toutefois, les instructions sur les biens visés et ceux qui ne le sont pas semblent aléatoires pour Dominik Cadieux, propriétaire de la boutique Le Petit Cocon, sur la rue Richelieu. « C’est la confusion totale », s’exclame Mme Cadieux en entrevue.
Elle critique aussi le manque de communication du gouvernement canadien. « C’est nous qui devons faire les recherches. [Les instructions disent] par exemple, des jouets qui ressemblent à quelque chose de vrai. Faque une maison, une poupée, là c’est bon, ça rentre. Il y a une place qui dit la plasticine, c’est oui, mais un autre article dit la plasticine, non », illustre la commerçante.
Pour elle, cette mesure s’ajoute à une période des Fêtes déjà compliquée par l’arrêt du service de Postes Canada et un achalandage beaucoup moins élevé que les années précédentes.
Les catégories de biens visés par la pause de taxe sont les aliments et boissons, les vêtements pour enfants, les jouets et casse-têtes ainsi que les livres imprimés. Les journaux imprimés, dont Le Canada Français, sont également exemptés de TPS. Pour l’ensemble du pays, le montant déboursé par le gouvernement fédéral pour offrir le congé de TPS est estimé à 1,6 milliard de dollars.