Environ 120 personnes ont participé à la séance de consultation et de participation publiques au sujet de la reconversion de l’ancienne église Saint-Gérard-Majella. Les citoyens étaient divisés sur l’avenir du bâtiment patrimonial. Son propriétaire a déposé une demande de démolition afin de construire sur le site un immeuble de 32 logements. La population a jusqu’au 15 janvier pour transmettre ses commentaires à la Ville.
L’événement a été organisé à la suite du dépôt d’une nouvelle demande de démolition par le propriétaire, pour le bâtiment patrimonial sis au 635, rue Dorchester.
Le propriétaire était présent lors de la séance et a affirmé avoir exploré toutes les avenues possibles pour sauver l’église, mais sans succès. Il souhaite désormais la raser pour y construire un bâtiment de 32 logements qui compléterait l’actuel Faubourg Majella.
«L’église est emblématique, mais ce qu’elle représente présentement, c’est quelque chose en décrépitude. Oui, il y a l’Histoire, mais moi, je vis avec ce dont elle a l’air aujourd’hui», a témoigné la conseillère municipale de Saint-Gérard, Lyne Poitras, en entrevue avec Le Canada Français. L’élue parle d’un «dossier très chaud» qui traîne depuis trop longtemps et sur lequel il faut agir.
Promoteur
Réjean Roy a profité de l’événement pour expliquer l’ensemble des contraintes qui l’empêchent de rénover l’église et de lui trouver un usage, dont l’ingénierie, la mise aux normes, un plancher qui penche d’un pied, une isolation non conforme et l’absence d’électricité. Le propriétaire a affirmé que la structure de béton constitue le seul élément viable du bâtiment.
Le promoteur a également martelé qu’aucun projet ne se ferait sans subvention dans l’ancienne église. « Juste le clocher, qui est très avancé et même à risque, coûterait 300 000$ [à réparer] ! Mais ça rapporte zéro ! » commente M. Roy en entrevue avec le journal. « On a essayé d’expliquer pourquoi on en est arrivés là, mais [les citoyens] ne veulent pas l’entendre », ajoute-t-il, expliquant n’avoir rien entendu de neuf lors de la consultation du 12 décembre.
De nombreux citoyens étaient présents lors de la séance pour commenter ou questionner le promoteur. Les opinions étaient très diverses : beaucoup ont dénoncé la perte d’un joyau de l’architecture moderne, d’autres encore ont accusé le promoteur d’être le seul responsable de l’état de décrépitude de l’église.
Un citoyen a par exemple suggéré un concours d’architecture pour reconvertir l’ancienne église, citant que M. Roy avait clairement besoin d’aide. Un résident du Faubourg Majella a pour sa part parlé d’une « coquille vide et dangereuse » qui doit être rasée du paysage. Une citoyenne a quant à elle évoqué la pousse de gros blocs d’appartements dans un quartier « intime et tranquille » qu’elle ne reconnaît plus.
Urbanisme
Le promoteur Construction Réjean Roy & fils a acquis l’église, désacralisée en 2015, pour une somme de 800 000$. En 2016, une demande de changement de zonage prévoyait déjà la démolition du bâtiment. La population s’était alors exprimée en défaveur de la disparition de l’ancienne église, classée au répertoire des bâtiments patrimoniaux de la Ville.
Un référendum organisé en 2019 avait réitéré l’intérêt de la population à conserver le bâtiment. Un Projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI) avait alors été mis sur pied.
Ce PPCMOI, dont la durée légale arrive à terme au début 2025, comprenait des conditions. Si les premières constituaient les trois premières phases de construction du Faubourg Majella, la dernière obligeait le promoteur à rénover et préserver l’église, et à y aménager six logements. Ce PPCMOI fait actuellement l’objet d’un processus juridique, puisque la dernière condition n’a jamais été remplie.
M. Roy s’expose ainsi à devoir payer une garantie financière d’un montant de 50 000$. « La garantie financière pourrait servir à réaliser ce que le promoteur n’a pas réussi à faire », précise Élyse Ménard, directrice générale adjointe à la Ville, expliquant toutefois que ce montant ne suffira pas à remplir les dernières conditions du PPCMOI. Elle ajoute cependant que d’autres démarches pourraient être mises en place par la Ville pour faire appliquer cette entente, comme une mise à l’amende.
Vente
L’ancienne église est située dans une zone qui autorise actuellement les usages communautaires, religieux et institutionnels. Martin Rouillard, président de l’Association de basketball de Saint-Jean, est intervenu lors de la séance pour signifier son vif intérêt à récupérer l’église. Il souhaiterait l’allouer au basketball et affirme que l’organisme détient les ressources et l’argent nécessaires.
Lors de la consultation publique, Réjean Roy n’a pas écarté la possibilité de revendre la bâtisse. Questionné par le journal sur un prix de vente, le promoteur estime sa valeur à 2,4 M$ étant donné le prix du terrain au pied carré.