Tout juste avant d’adopter leurs budgets pour l’année à venir, les municipalités qui sont desservies par la Sûreté du Québec (SQ) ont appris qu’elles doivent payer une somme beaucoup plus substantielle pour avoir ce service en 2025. Cette réalité, perceptible partout dans la province, n’épargne pas le Haut-Richelieu. Dans certains cas, les hausses varient de 20% à près de 30%.
« En 2024, la facture était de 358 268$, et en 2025 ça monte à 462 927$. Pour nous à Saint-Alexandre, c’est une différence de 104 659$, soit une augmentation de 29% et des poussières par rapport à l’année passée. C’est la surprise qui t’arrive dans le visage quand tu termines ton budget et que tu penses que tout est correct », mentionne Yves Barrette, maire de Saint-Alexandre.
Le montant exigé par le gouvernement aux municipalités n’est pas négociable. Pour des municipalités qui ont des populations restreintes, les hausses accumulées au fil des ans sont plus que significatives.
« Depuis 2020, on a tout près de 60 000$ de différence à payer. C’est un gros montant. Il faudrait qu’on change la façon de calculer, parce que là, c’est rendu que ça n’a plus de sens », déplore Pierre Chamberland, maire de Saint-Valentin.
La somme que Saint-Valentin payait à la SQ en 2024 était de 126 347$. Cette dernière est haussée à près de 152 000$ en 2025, ce qui représente une hausse d’un peu plus de 20%.
Que les hausses soient de 2% ou de 20%, ce sont toujours les citoyens qui assument ultimement le coût des factures.
Facture
Le montant annuel que les municipalités qui n’ont pas de corps policier paient à la SQ prend notamment en compte la valeur foncière. La facture que reçoit une municipalité dans le Haut-Richelieu n’est donc pas nécessairement semblable à une autre en Abitibi-Témiscamingue, même si celles-ci ont la même superficie, le même nombre d’habitants et la même superficie de terrains agricoles.
« C’est basé sur l’augmentation de la richesse foncière, et donc des spéculations et l’ensemble de tout ça. Quand la richesse foncière uniformisée (RFU) augmente, il y a forcément après ça une augmentation de la facture de la SQ . Dans le calcul [de celle-ci], il y a naturellement la rémunération des policiers, leurs vêtements, leurs véhicules et tout ce qui vient avec, si je peux dire. Il y a une autre partie qui est un pourcentage de la RFU », explique M. Barrette.
M. Chamberland souligne que puisqu’il est question de sécurité, même si les factures sont rendues élevées, une Municipalité ne peut pas mettre de côté l’accès à un service policier, au même titre qu’elle ne peut pas se passer d’un service d’incendie.
« Je n’ai pas 20% de plus de service. C’est le même, tout le temps. On comprend que les salaires ont augmenté, mais il faut être capable de trouver une nouvelle façon de calculer pour ne pas que les payeurs de taxes soient toujours sollicités à gauche et à droite par tout le monde », souligne-t-il.
Solutions
MM. Chamberland et Barrette sont d’avis qu’il faut que le gouvernement engage le dialogue avec les municipalités pour revoir la méthodologie sur laquelle le calcul de la somme payable à la SQ est basé.
Tous deux croient que les municipalités ne pouvaient pas anticiper que les hausses, qui variaient dans les années précédentes entre 2% et 7%, atteindraient des sommets tels que 20% ou 29%.
M. Barrette suggère, entre autres, que Québec permette aux municipalités de ne pas avoir à payer leur facture d’un trait et d’étaler cette importante somme sur deux budgets annuels.
Le coût de l’ensemble de la desserte municipale par la SQ est estimé à 830 M$ par année. Un total de 1141 municipalités québécoises utilise ce service qui est assuré par 3445 policiers provinciaux.
