Des entreprises du Haut-Richelieu forment un front commun

Camille Vanderschelden  cvanderschelden@canadafrancais.com

Des entreprises du Haut-Richelieu forment un front commun
Julie Brault, vice-présidente de l'entreposage à Transport Bourassa. (Photo : (Photo courtoisie Julie Brault))

Tremcar, Transport Bourassa, Emballage St-Jean et Soleno ont constitué un front commun pour sonner l’alarme quant aux nouvelles mesures touchant les travailleurs étrangers temporaires (TET), une immigration dont le Haut-Richelieu dépend. Elles espèrent faire entendre leurs préoccupations au gouvernement fédéral afin qu’il adopte des correctifs pour la région. 

Les nouvelles mesures concernant les TET constituent un cocktail fatal pour les entreprises de la région, qui font déjà face à une pénurie de main-d’œuvre depuis plusieurs années. 

« Présentement, dans les prochains mois et en 2025, ça va frapper fort. On va frapper un mur, c’est certain », s’inquiète Julie Brault, vice-présidente de l’entreposage à Transport Bourassa. 

Face aux impacts prévus sur leur croissance et leur compétitivité, les entreprises locales Soleno, Tremcar, Transport Bourassa et Emballage St-Jean ont décidé de former un front commun pour dénoncer la situation. « C’est certain qu’on ne lâchera pas avant qu’il y ait une solution », martèle Julie Brault.

Main-d’œuvre 

La ville de Saint-Jean-sur-Richelieu est directement touchée par les mesures, bien que le taux de chômage de la région soit de 4,8% (contre 6,8% en octobre 2024 à Montréal) : un phénomène largement dénoncé par le milieu économique du Haut-Richelieu. 

« Le gouvernement s’amuse à dire qu’on s’est dopé aux travailleurs étrangers temporaires, et ça, c’est l’insulte suprême puisqu’on investit en premier au Québec. Si on avait le choix, on [recruterait des Québécois], mais on ne l’a pas cette main-d’œuvre-là ! » dénonce Mélanie Dufresne, directrice du développement stratégique pour le manufacturier de remorques et de citernes Tremcar. 

Les candidats sortant des écoles de métiers du Québec constitueraient un effectif très maigre que les entreprises s’arracheraient. Par ailleurs, les TET occupent des postes à bas salaire que les employés locaux délaisseraient largement, puisqu’il s’agit majoritairement de quarts de soir et de nuit. La main-d’œuvre étrangère s’avérerait donc indispensable pour que les entreprises locales puissent conserver une certaine croissance dans un milieu très compétitif.

Investissement perdu

« Recruter quelqu’un à l’extérieur du pays, ça nous coûte entre 12 000$ et 20 000$ », commente Mme Dufresne, qui souligne que ces employés nécessitent bien souvent un temps d’adaptation et de formation qui peut prendre plusieurs mois. Une temporalité d’autant plus délicate pour les entreprises, puisque les nouvelles mesures réduisent la durée du permis de travail d’un TET de deux ans à un an. 

Les entreprises devront donc renouveler le permis d’un TET quelques mois à peine après son arrivée, sans la garantie d’avoir trouvé la combinaison parfaite. De plus, elles ont investi pour offrir des cours de francisation à la main-d’œuvre étrangère qu’elles ont recrutée : un investissement payé par le secteur privé et largement perdu dans le contexte actuel. 

Impacts 

Emballage St-Jean s’attend à des effets néfastes sur les 20% de TET qui composent ses effectifs johannais et qui occupent des postes d’opérateurs, d’aides-opérateurs et d’électromécaniciens. 

Pour Tremcar, ce sont 41 TET sur 400 employés (pour les opérations au Québec) qui seront touchés par les nouvelles mesures. Du côté de Transport Bourassa, les TET représentent quant à eux près de 10% des effectifs de l’entreprise (43 TET sur 584 employés). 

Julie Brault souligne que cette main-d’œuvre à bas salaire permet justement d’offrir des postes mieux rémunérés aux Québécois. « Ces travailleurs contribuent à préserver des emplois dans le reste de nos organisations. Les perdre aura un double impact économique », s’inquiète-t-elle.

Les entreprises cherchent par ailleurs des manières de rester compétitives : la robotisation et l’automatisation prennent désormais une plus grande place, mais certaines tâches ont toujours besoin d’une intervention humaine. 

Mobilisation

Le front commun échange actuellement avec les entreprises de l’ensemble de la province, qui partagent la même frustration. Des initiatives de toutes natures se prépareraient. Amener une main-d’œuvre de Montréal jusque dans le Haut-Richelieu est aussi sur la table, bien que le transport en commun est problématique actuellement.

La coalition veut travailler avec les gouvernements pour trouver des solutions. Elle proposerait notamment des mesures particulières pour les TET présents sur le territoire et déjà formés. 

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires