Encore beaucoup d’incertitude pour les cabanes à sucre

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Par Stéphanie MacFarlane
Encore beaucoup d’incertitude pour les cabanes à sucre
(Photo : Archives - Le Canada Français)

Les propriétaires de cabanes à sucre de la région ont l’impression de revivre le jour de la marmotte. Comme l’an passé, ils naviguent dans le brouillard. À quoi ressemblera la saison des sucres 2022 ? Pourront-ils accueillir leur clientèle dans leur salle à manger ? Si oui, combien de personnes composeront les tablées ? Devant cette incertitude, une chose est certaine : ils offriront de nouveau des boîtes de repas à emporter.

«On est dans l’incertitude. On ne sait pas si on va ouvrir nos salles à manger ou pas. Il est minuit moins une pour tout organiser. C’est un gros casse-tête», résume Mélanie Charbonneau, copropriétaire de l’érablière Charbonneau.

L’annonce de la fermeture des salles à manger des restaurants le 30 décembre dernier a été une douche froide pour les propriétaires de cabanes à sucre. «J’ai eu l’impression de revivre ce qu’on a vécu en 2020. Ça m’a fait beaucoup de peine. Le gouvernement peut ouvrir, puis fermer les établissements», poursuit Mélanie Charbonneau.

Un sentiment partagé par Camélie Gingras, de l’érablière La Goudrelle, qui ne veut pas revivre une fermeture après quelques jours d’activité, comme ce fut le cas au printemps 2020. «Si on ouvre en présentiel, il faut que ça en vaille la peine. Et ça ne nous intéresse pas d’être refermés après deux semaines», ajoute-t-elle.

Se préparer
La période nécessaire à la préparation est aussi un enjeu. Le temps commence à manquer. Les cabanes à sucre ont besoin d’un certain délai pour se préparer à accueillir les gens dans leurs salles. «La saison des sucres arrive vite. Avant la COVID-19, j’ouvrais autour du 21-22 février. Il faut engager les employés, calculer nos prix de rentabilité, réaménager nos salles selon les règles sanitaires et revoir nos façons de faire avec le passeport vaccinal», énumère Mélanie Charbonneau.

Ces entreprises n’échappent pas à la pénurie de main-d’oeuvre. Trouver du personnel constitue un enjeu important. Elles fonctionnent actuellement à effectif très réduit. Certaines n’ont pas d’employés, alors que d’autres en ont quelques-uns.

En temps normal, La Goudrelle embauche 150 personnes pour la saison des sucres, l’érablière Meunier en accueille une centaine, et 85 personnes travaillent à l’érablière Charbonneau. L’an passé, elles avaient embauché entre une vingtaine et une quarantaine d’employés pour faire les boîtes de repas à emporter.

Boîtes de repas
La seule certitude qu’ont les propriétaires de cabane à sucre, c’est qu’ils vont offrir des boîtes de repas à emporter ce printemps. Il est toutefois trop tôt pour dire si l’initiative Ma cabane à la maison sera de retour. Et si c’est le cas, est-ce qu’ils y participeront ou iront d’initiatives personnelles ?

Certains ont commencé à préparer de la nourriture, notamment les marinades et les ketchups. «Tout peut basculer rapidement. On l’a vu avec les annonces du 30 décembre. Il faut vraiment être prudent dans nos démarches. On va mettre les bouchées doubles quand on aura le okay. On ne peut pas se permettre de tout produire et que ça ne fonctionne pas», indique Philippe Meunier, de l’érablière Meunier & fils.

Mode hybride ?
Il n’est pas impossible, si les règles le permettent, que les cabanes à sucre ouvrent leur salle à manger ce printemps. Encore là, cela dépendra de la date, mais aussi des consignes sanitaires en vigueur. La question de la rentabilité sera aussi étudiée.

Philippe Meunier n’écarte pas la possibilité d’offrir une formule hybride en ouvrant sa salle à manger tout en vendant des boîtes. «Si on a la possibilité d’ouvrir, on va le faire. Il faut avoir espoir. Notre vocation première, c’est de recevoir les gens et les familles. Ce n’est pas de faire des boîtes. La journée que les gens vont pouvoir aller en salle à manger, je pense qu’ils vont opter pour ce choix-là. Est-ce que la saison sera 100 % en boîte ou sera un modèle hybride ? C’est ce bout-là qu’il reste à valider, mais c’est sûr qu’on va être là», mentionne M. Meunier.

Il voit l’année 2022 comme celle de la transition avant d’avoir une saison normale en 2023.

Santé financière
Après deux saisons des sucres affectées par la pandémie, la santé financière des cabanes à sucre est précaire. «Une chance que j’ai eu les boîtes de repas l’an passé parce que je ne serais pas passée au travers», confesse Mélanie Charbonneau. Elle s’estime aussi chanceuse d’avoir d’autres partenaires autour, dont Arbraska et le verger de son père, qui lui amènent de la clientèle. «C’est insécurisant. On a mis des projets sur la glace parce qu’on n’a pas les revenus qu’on avait avant. Il faut s’en garder au cas où. La santé financière est correcte, mais fragile», poursuit-elle.

Les boîtes de repas aident à payer les frais fixes annuels, enchaîne Camélie Gingras. «Oui, il y a le temps des sucres, mais il y a aussi des mariages. Les salles de réception ont été fermées durant la moitié de l’été dernier. Le restant du revenu n’est pas là», souligne Mme Gingras.

Outre le temps des sucres, les cabanes à sucre accueillent bon nombre d’événements le reste de l’année. Ce volet en a pris un coup avec la COVID-19. Plusieurs clients ont repoussé ou annulé leur réservation, notamment parce qu’ils ne voulaient pas avoir de restrictions, comme le port du masque ou l’absence de danse.

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