Plus d’immigrants s’établissent dans le Haut-Richelieu

Par Marie-Pier Gagnon
Plus d’immigrants s’établissent dans le Haut-Richelieu
Originaires de France, Simon, David, Élodie et Adèle Langey se sont établis dans la région au cours de l'été. (Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

La région du Haut-Richelieu gagne en popularité auprès des immigrants. Une situation observée par plusieurs organismes du milieu spécialisés dans l’accompagnement des immigrants pour faciliter leur intégration.

Selon le portrait socioéconomique de la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu publié en 2019, 4% de la population johannaise était issue de l’immigration à ce moment. Cela représente un peu moins de 4000 personnes provenant principalement de l’Afrique, mais aussi de l’Europe et des Amériques.

Trois ans plus tard, bien que les données du recensement de 2021 ne soient pas encore disponibles, plusieurs organismes du milieu prédisent déjà que ce chiffre sera beaucoup plus élevé. « On sait qu’il y a beaucoup plus d’immigrants qu’il y a à peine quelques années», mentionne avec assurance la directrice générale de La Porte Ouverte, Manon Tremblay.

Portrait

Avant la pandémie, l’organisme qui propose un programme de francisation côtoyait sur une base régulière une vingtaine d’immigrants établis dans la région. Parmi sa clientèle, on comptait une forte proportion de gens ayant pour langue maternelle l’espagnol et, en moins forte proportion, l’anglais et l’arabe. Principalement des universitaires.

Pas très loin de là, au cours de la même période à l’ANCRE (Accompagnement des nouveaux arrivants et conseils en recherche d’emploi), 296 personnes bénéficiaient du soutien de l’organisme, soit 150 de plus que l’année précédente. Ces personnes provenaient de plus de 50 pays, principalement de l’Afrique francophone (Côte d’ivoire, Maroc, Tunisie) et d’Amérique (Brésil, Haïti).

Du côté du bureau de la députée du comté de Saint-Jean, Christine Normandin, porte-parole en matière d’immigration pour le Bloc québécois, on a recensé l’octroi de 40 statuts de citoyenneté canadienne entre octobre 2019 et mai 2020 sur le territoire de la circonscription. Une seule a été décernée entre juin 2020 et juillet 2021 en raison de la pandémie.

Immigration économique

Cette croissance de la population immigrante n’est pas un hasard. Elle s’explique par divers facteurs, dont un urgent besoin de main-d’œuvre. L’immigration économique, c’est-à-dire regroupant des personnes choisies pour leur expertise, représente d’ailleurs la majorité des cas dans la région. Les travailleurs temporaires sont aussi nombreux.

« C’est plus facile pour moi de trouver un ingénieur qu’un journalier. Les immigrants de notre région sont en moyenne plus scolarisés que la population en général», note le coordonnateur aux services immigration de l’ANCRE, Bruno Magnan. Dans 64% des cas, les personnes qui font appel aux services de l’organisme détiennent un diplôme universitaire.

On remarque aussi une forte présence de jeunes familles immigrantes dans la capitale des montgolfières. À titre d’exemple, des 206 personnes que l’ANCRE a aidées à déménager dans la région en 2019-2020, 67 étaient des enfants. Cela permet un meilleur enracinement dans la région d’accueil et, du même coup, un taux de rétention parmi les plus élevés au Québec.

Croissance annoncée

Directrice générale de l’ANCRE, Martine Groulx assure que cette augmentation pourrait être encore plus importante si la région n’était pas touchée par une pénurie de logements abordables ou encore l’explosion de son marché immobilier. « Ça ralentit un peu la croissance. On a des familles qui sont prêtes à venir, mais pas de logements », explique-t-elle.

La compétition est d’ailleurs grande pour attirer les immigrants économiques et les familles en région. Une quarantaine d’organismes au Québec, dont cinq en Montérégie, en ont fait leur spécialité. Localement, on mise sur la beauté de la rivière, les nombreux services offerts aux citoyens, la proximité de Montréal et l’accueil des gens locaux pour les séduire.

Un sondage CROP réalisé l’automne dernier à la demande de l’ANCRE et financé par la MRC du Haut-Richelieu révélait d’ailleurs que les citoyens du Haut-Richelieu ont une opinion favorable de l’immigration et que 80 % d’entre eux seraient d’accord pour accueillir davantage d’immigrants dans leur municipalité.

«Les gens ont pris conscience de l’importance de l’immigration pour maintenir nos institutions», se réjouit Martine Groulx. Rappelons qu’en mars, la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a annoncé sa volonté de mettre sur pied une première politique d’accueil des personnes immigrantes.

Pour découvrir des portraits de familles immigrantes qui ont choisi le Haut-Richelieu, lisez Le Canada Français du 14 octobre 2021 en format papier ou numérique.  

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