Retour sur les inondations historiques de 2011

Par Louise Bedard
Retour sur les inondations historiques de 2011
Il y a dix ans commençaient les inondations historiques causées par le débordement de la rivière Richelieu et du lac Champlain. (Photo : Archives - Le Canada Français)

Au printemps 2011, les populations riveraines du Richelieu et du lac Champlain ont vécu les pires inondations jamais enregistrées. Plus de 1600 résidents ont dû évacuer leur maison en raison notamment des risques pour leur santé. Vivant un stress élevé, leur vie a été perturbée plusieurs mois après que l’eau se soit retirée.

Des dommages considérables ont été causés aux résidences, aux fermes et aux entreprises. Le groupe d’étude international formé pour étudier ces inondations a fait état de plus de 67 millions en dollars américains. Plus de 2500 maisons ont été endommagées. Du côté des entreprises, les campings et les marinas ont été les plus touchées. Dix des 18 marinas ont subi des pertes d’environ 2,6 M$ en dommages matériels et plus de 7,4 M$ en pertes de revenus. On estime aussi que plus de 100 ponts et routes de la région ont subi des dommages.

Des récoltes ont été perdues à cause de la durée des inondations. Plus de 2500 hectares de terre ont été touchés. Les inondations et les fortes vagues ont érodé les rives et ont causé des perturbations dans l’environnement.

Cette catastrophe a donné lieu à une intervention sans précédent des gouvernements, que ce soit de la part de la Sécurité civile du Québec, de la Sûreté du Québec, dont la présence policière a été accrue, ou encore des Forces armées canadiennes venues prêter main-forte aux autorités civiles.

La population a manifesté sa solidarité aux sinistrés, notamment par des initiatives comme la Grande Corvée. Des organismes et des entreprises ont apporté leur aide. Des municipalités québécoises ont fourni des ressources humaines et matérielles à celles de la région.

Le 23 mai 2011 à Venise-en-Québec, alors que de terribles vents avaient fait remonter le niveau du lac.

Neige et pluie
Plusieurs facteurs ont contribué à créer cette situation exceptionnelle. Cet hiver-là, la neige s’était accumulée plus que la moyenne dans les montagnes du Vermont et de l’État de New York. Depuis 1883, c’était le troisième record de chutes de neige.

La température de février à juin a été égale ou supérieure à la moyenne, ce qui a entraîné une fonte rapide de la neige. À cela se sont ajoutés des records de précipitations de mars à mai. Au total, 51 centimètres de précipitations sont tombés en trois mois, bien au-dessus des niveaux normaux.

Des vents forts et persistants en provenance du sud se sont mis de la partie. Au cours de la période des inondations de 67 jours, huit épisodes de vent ont fait grimper le niveau du lac Champlain, provoquant rapidement des inondations dans la rivière Richelieu. On a parlé à l’époque d’une crue des eaux d’une récurrence de 500 ans!

Avril
Le 6 avril, le niveau de la rivière était à 29,6 mètres au-dessus de celui de la mer. Il a grimpé jusqu’à 30,14 mètres, une valeur record le 17 avril. L’évolution était sensiblement la même sur le lac Champlain.

Rendu au 21 avril, il était déjà possible d’affirmer que les risques d’inondations majeures s’accroissaient. La Ville de Saint-Jean commençait alors à distribuer des sacs de sable aux citoyens de la zone inondable. Des rues de gravier étaient rehaussées. Les citoyens demeuraient calmes, mais ils avaient en mémoire les inondations de 1993, une année record.

Le 28 avril, après quelques jours d’accalmie, les prévisions météorologiques n’avaient rien de rassurant. Le pire scénario se concrétisait alors que le niveau de la rivière Richelieu atteignait déjà un record sur une période de 40 ans, soit 30,45 mètres au-dessus du niveau de la mer. Malgré des murets de sable érigés à la hâte, plusieurs résidents du quartier Saint-Eugène ne pouvaient plus rien pour contrer l’eau qui s’engouffrait dans les bâtiments. Dans ce quartier comme dans le secteur de Saint-Athanase, les résidents combattaient la poussée de l’eau. La rivière passait déjà par-dessus la bande du canal et empiétait sur la rue du Quai à Saint-Jean.

Des dommages considérables ont été causés non seulement aux résidences, mais aussi à des entreprises agricoles et à des commerces.

Le 28 avril, le Haut-Richelieu était déclaré zone sinistrée. Les résidents touchés, les entreprises et les municipalités allaient avoir droit à des indemnités. Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, en a fait l’annonce à Saint-Jean.

La Sûreté du Québec mettait en place un poste de commandement à Lacolle pour toute la région et déclenchait l’opération Éphémère. Les effectifs étaient renforcés.

Mai
Dans les premiers jours de mai, on dénombrait 2400 résidents touchés, dont 500 évacués volontairement ou obligatoirement. La situation évoluait d’heure en heure. Le niveau de la rivière du Sud refoulait jusqu’au village d’Henryville. À Saint-Jean, 42 000 sacs de sable supplémentaires devaient être livrés. Les pompiers visitaient 900 résidences pour assurer la sécurité des gens.

Le 4 mai, Parcs Canada endiguait le canal juste avant le pont de l’île Sainte-Thérèse. L’eau dépassant certains piliers du vieux pont Gouin, le ministère des Transports avait décidé de le fermer du 2 au 10 mai. Les commerces du centre-ville s’en sont ressentis.

Le Centre de santé et de services sociaux du Haut-Richelieu offrait de l’aide psychologique aux sinistrés, car plusieurs vivaient un véritable cauchemar.
L’école Alberte-Melançon, à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, devait transférer ses élèves à l’école de Saint-Blaise où ils ont terminé l’année scolaire.

Militaires
Dans le cadre de l’opération Lotus, 800 militaires étaient déployés pour aider les sinistrés et sécuriser certaines infrastructures. Au 16 mai, la Ville de Saint-Jean faisait un premier bilan et évaluait les coûts de ses dépenses à 3 M$.

À la mi-mai, la décrue de la rivière était amorcée, mais les sinistrés devaient faire preuve de patience. Le premier ministre québécois Jean Charest était sur place pour les encourager. Le premier ministre canadien Harper est de son côté venu en juin promettre d’éponger une partie de la facture. Le ministre de la Défense,

Peter MacKay, l’avait précédé. Le gouverneur général David Johnston et le chef du NPD, Jack Layton, ont rencontré aussi les sinistrés.
Alors que le niveau d’eau commençait à descendre, un terrible vent du sud provoquait des vagues monstres à la fin du mois de mai.

Pas moins de 800 militaires ont été déployés dans la région pour aider les sinistrés et les autorités civiles.

Juin
Puis, du 6 au 13 juin, le niveau du lac et de la rivière baissait d’un pied. Les services de santé et les municipalités ont préparé la réintégration des sinistrés évacués pendant que l’opération nettoyage s’organisait avec la Grande Corvée qui a mobilisé des milliers de personnes. Des équipes spéciales d’intervention étaient créées pour assurer la relance économique.

Le 22 juin, le gouvernement du Québec autorisait la reconstruction des résidences principales détruites par les inondations. Toutefois, les maisons situées dans une zone où les inondations sont probables en deçà de deux ans ne pouvaient être rebâties, mais elles pouvaient être rénovées.

Au 28 juin, il y avait encore 116 familles évacuées. En date du 11 juillet, le ministère de la Sécurité publique avait versé près de 10 M$ aux citoyens sinistrés et aux municipalités touchées par la crue du Richelieu et du lac Champlain.

Déjà en juillet, le gouvernement du Québec consultait les États du Vermont et de New York sur les orientations à prendre à la suite des inondations. Le rapport final du Groupe d’étude international constitué par la suite est attendu en mars 2022.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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