La détresse psychologique en hausse dans la région

Par Marie-Pier Gagnon
La détresse psychologique en hausse dans la région
(Photo : Deposit)

Déjà sept mois se sont écoulés depuis le début de la pandémie et si le nombre de suicide n’a pas augmenté au Québec, la détresse psychologique et l’anxiété gagnent du terrain. Au Centre de crise et de prévention du suicide Haut-Richelieu – Rouville, on se prépare à un automne chargé.

Le 24 juin, l’Association canadienne pour la santé mentale révélait les résultats de son enquête intitulée Santé mentale : les conséquences de la COVID-19 sur les populations vulnérables. On y apprenait entre autres que 46 % des citoyens canadiens ressentaient de l’anxiété et de l’inquiétude en raison de la pandémie et que 38 % de la population avait vu sa santé mentale se détériorer depuis la COVID-19.

Toujours selon l’étude, 6 % de la population avait eu des pensées suicidaires. Ce pourcentage atteignait 18 % chez les personnes déjà aux prises avec un problème de santé mentale, alors qu’il était de 14 % pour les personnes à faible revenu. Au Centre de crise et de prévention du suicide Haut-Richelieu – Rouville, cette détresse s’est traduite par un mois de juillet record en ce qui concerne les interventions téléphoniques et autre (ex.: hébergement de crise).

Directrice générale du Centre de crise et de prévention du suicide Haut-Richelieu – Rouville, Myriam Lafond se prépare à un automne chargé.

900 interventions

Pour être plus précis, on parle de 900 interventions de plus par rapport à la même période l’an passé. «Habituellement, juillet est notre période calme de l’année, mais là c’était comme si on était en plein mois de novembre», mentionne la directrice générale de l’organisme, Myriam Lafond. De la détresse, de l’anxiété et des crises suicidaires importantes ont marqué les interventions auprès de gens parfois référés par des policiers de la région.

«Ce ne sont pas tant de nouveaux clients que nous avons reçus, mais plutôt une clientèle qu’on connaissait déjà et qu’on a dû soutenir plus fortement», ajoute la directrice générale. L’ambivalence des règles lors du déconfinement et la recherche d’une nouvelle routine COVID-19 sont des facteurs qui ont contribué à la détresse. La situation s’est depuis stabilisée et le nombre d’interventions se situe près de la moyenne pour les mois d’août et septembre.

Mais l’arrivée de l’automne fait craindre une deuxième vague. «Les changements de saison sont toujours des moments difficiles», explique Mme Lafond. Diminution de la clarté, feuilles qui tombent des arbres, arrivée de la première neige et le froid sont autant de facteurs qui jouent sur le moral des gens. Et il y a aussi la menace d’un deuxième confinement, la crainte de voir la région basculée en zone orange ou pire, rouge.

Services disponibles

À la veille de la Journée mondiale de la prévention du suicide, qui a eu lieu le 10 septembre, l’Association québécoise de prévention du suicide a fait une sortie publique afin de rappeler l’importance de resserrer le filet de sécurité autour des personnes plus vulnérables, interpellant au passage les élus sur l’importance d’augmenter le soutien psychologique en temps de pandémie. Des annonces gouvernementales ont été faites en ce sens.

Pendant les premiers mois de la pandémie, le Centre de crise et de prévention Haut-Richelieu – Rouville a reçu une aide financière par l’entremise du Programme de soutien aux organismes communautaires permettant entre autres de défrayer les coûts liés à l’achat de matériel de protection ainsi que du matériel informatique afin d’assurer des suivis en mode virtuel. Une employée avait également été ajoutée.

Le montant de la subvention est toutefois écoulé. Dans l’attente d’aide financière supplémentaire, l’organisme continue d’offrir ses services, dont deux lits en hébergement de crise pour des séjours de courte durée, au meilleur de ses capacités. «J’ai une bonne équipe. Ils savent que le travail qu’on fait est important et ils font attention pour ne pas tomber malades», souligne Mme Lafond qui rappelle que le Centre n’a jamais fermé depuis mars.

Dans l’éventualité où il y aurait une trop forte demande, promesse est faite que tous les efforts seront consacrés à la ligne 1 866 APPELLE. «C’est notre priorité. En situation de crise, la réponse doit être immédiate», de conclure la directrice générale.

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