Une course contre la montre pour les restaurateurs

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Par Valerie Legault
Une course contre la montre pour les restaurateurs
La distanciation sociale cause des maux de tête à Steve Trépanier, propriétaire du Steak frites Saint-Paul. (Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

Remplir le garde-manger et les frigos, installer des plexiglas, acheter de l’équipement de protection et des produits désinfectants, les restaurateurs en ont plein les bras à quatre jours de l’ouverture de leurs salles à manger. C’est sans parler de la confusion qui règne pour honorer les réservations de groupe.

On sent le propriétaire du Steak Frites Saint-Paul moins enthousiaste que d’habitude à l’autre bout du fil. Il aurait fallu laisser au moins deux semaines aux restaurateurs pour se préparer, croit Steve Trépanier.

«C’est une course contre la montre pour planifier les horaires, préparer la cuisine et faire les commandes. On se garroche tous en même temps sur nos fournisseurs», dit le restaurateur bien connu du boulevard du Séminaire.

À partir du 15 juin, les salles à manger seront beaucoup plus aérées à cause de la distanciation sociale. Règle générale, le nombre de places est réduit de moitié. «On ne parlera pas de profitabilité, mais de maintien des emplois et de la clientèle», expose Pascal Benjamin, copropriétaire du Pacini, sur la rue Pierre-Caisse.

Serveurs masqués

Steve Trépanier croit que l’expérience client ne sera plus la même. Tous les serveurs porteront le masque et la visière. En cuisine, le personnel devra aussi se protéger contre la COVID-19. Un non-sens selon lui, compte tenu des températures élevées devant les fourneaux.

Il ne faut pas avoir travaillé en cuisine pour imposer de telles règles, dénonce-t-il. Le recrutement était déjà ardu avant la pandémie. «C’est terrible, les gens vont perdre connaissance. Quand les employés ne voudront pas rentrer, alors là, on va avoir un méchant problème», anticipe le restaurateur.

Partout, il faut prévoir de grandes quantités de gel désinfectant et de produits nettoyants pas toujours faciles à obtenir rapidement. Chaque table sera nettoyée avant l’arrivée de nouveaux clients. Du personnel a été embauché spécialement pour cette raison.

Confusion

La clientèle sera-t-elle au rendez-vous? Steve Trépanier s’inquiète de la grande confusion qui règne pour les réservations. En théorie, on pourrait aller manger en groupe de dix personnes, à condition de provenir de seulement trois adresses différentes. Dans les faits, la réalité est tout autre.

Le téléphone du Steak frites Saint-Paul ne dérougit pas depuis lundi. «C’est le bordel, constate M. Trépanier. Les gens appellent pour venir manger en groupe, mais ce n’est pas vrai! Je ne peux pas recevoir deux familles collées. Elles ne peuvent pas toutes être assises à la même table, à moins d’installer un plexiglas entre elles ou de les séparer de deux mètres.» Quand ils saisissent la nuance, plusieurs clients optent pour le repas à la maison, se désole-t-il.

Au restaurant L’imprévu, dans le Vieux-Saint-Jean, la chef propriétaire Mélanie Rémillard n’a pas l’intention de jouer à la police avec ses clients. «Il faut faire confiance aux gens, dit-elle. On n’est pas pour leur demander leur pedigree.»

Malgré son calme apparent, elle avoue être un peu stressée pour sa réouverture, le jeudi 18 juin. Elle espère ne rien oublier pour protéger employés et clients. Une chose est sûre, il va falloir plus de personnel pour beaucoup moins de clients.

Sanctions

D’où l’importance de respecter le nombre de personnes attendues pour une réservation. «On ne pourra pas se permettre trop d’absents, sinon on perd des clients. Il va peut-être falloir se protéger en imposant des sanctions», avance-t-elle.

On est aussi nombreux à vouloir une table chez Pacini. «Nous avons été capables de traverser la crise et les règles vont probablement s’ajuster, espère Pascal Benjamin, qui parle aussi au nom de son associé Luc Lavigne. Pour les tables de dix personnes, c’est exagéré.»

Les amateurs de pain resteront peut-être sur leur faim, car les zones en libre-service ne devraient pas être accessibles. M. Benjamin étudie la possibilité d’y attitrer quelqu’un ou de désigner une personne par table pour y aller.

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