Le départ d’un pilier du journal

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Par Gilles Levesque
Le départ d’un pilier du journal
(Photo : Le Canada Français - Archives)

Travailler au même endroit pendant plus de 40 ans relèvera bientôt de l’exploit. C’est plus de la moitié d’une vie consacrée à un seul employeur, à différentes époques, différents contextes. Certains y verront un engagement et une loyauté hors du commun, mais lorsqu’on se sent bien à un endroit pour exercer un métier ou une profession à l’intérieur de balises qui vous conviennent, on tente d’y rester le plus longtemps possible. C’est ce qu’a fait notre confrère Gilles Bérubé.

Embauché le 13 novembre 1978, ce journaliste, apprécié de la salle de rédaction et de nos lecteurs, signera son dernier texte vendredi. Il devait nous quitter en début d’année, mais à notre demande, il a accepté de reporter sa retraite au 5 juin. Même s’il se dit serein avec sa décision, il va de soi qu’on ne tire pas un trait sur une aussi longue carrière sans être un peu chaviré de l’intérieur. C’est une vie que l’on quitte pour en entreprendre une autre.

Reconnu pour sa bonne humeur et son empressement à aider les autres, Gilles Bérubé a été appelé à couvrir plusieurs secteurs de l’actualité régionale, comme l’agriculture, le tourisme, les faits divers et les sports. Il a été responsable des pages économiques du journal durant de nombreuses années. C’est un champ d’intérêt qui le passionnait.

Reste qu’il aura laissé sa marque dans deux autres domaines, du début de sa carrière jusqu’à la fin de son séjour parmi nous. En environnement, il était devenu une référence. Rien ne lui échappait, peu importe la complexité du sujet. Qu’il s’agisse des moules zébrées, des travaux de la Commission mixte internationale, des algues bleues, des bandes riveraines, de la collecte des ordures, du recyclage ou de la protection du territoire agricole, il maîtrisait bien ses dossiers. Il pouvait aussi prédire rapidement, et avec exactitude, les risques d’inondation pour la rivière Richelieu et le lac Champlain.

Celui que nous appelions affectueusement Jim, un surnom qu’il traîne depuis ses études au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, a aussi développé une grande expertise dans le monde municipal. D’abord à Venise-en-Québec, en période de crise, puis à Saint-Athanase et L’Acadie, à une époque où ces secteurs de Saint-Jean-sur-Richelieu étaient des municipalités.

Il a aussi couvert la Ville d’Iberville, du temps de Léo Fortin et de Luc Gauthier, et celle de Saint-Luc, au cours du règne d’Édouard Bonaldo et de Gilles Dolbec. Si bien qu’il était prêt à relever un plus gros défi en 2007 alors qu’il s’est vu confier la couverture de la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Il a d’abord renoué avec le maire Gilles Dolbec, puis avec Michel Fecteau et Alain Laplante. Depuis l’élection de ce dernier, il trouvait difficile d’avoir à couvrir des conflits perpétuels qui ont entre autres mené à la suspension du maire Laplante. Ce n’est pas ce qu’il souhaitait comme fin de carrière sur la scène municipale. Il s’en plaignait, mais continuait néanmoins à rapporter ce qui se passait à l’Hôtel de Ville, souvent transformé en cirque!

Gilles Bérubé a par ailleurs été le seul journaliste du Canada Français à couvrir la MRC du Haut-Richelieu, de ses débuts, en 1982, à aujourd’hui. Le seul aussi, en près de 42 ans, à faire le suivi du dossier du pont Gouin. Comme pour les plus vieux d’entre nous, l’incendie du journal en avril 1988, le Grand Verglas de 1998 et les terribles inondations de 2011 sont les événements importants de sa carrière qui a été soulignée par la remise de nombreux prix de journalisme sur la scène provinciale.

«Mon Dieu que tout ça a passé vite», de lancer le principal intéressé la semaine dernière, conscient qu’il est impossible d’avoir de l’emprise sur le temps. Vous aurez sans doute compris que son départ nous attriste tous. Gilles Bérubé n’avait que des amis au journal. Il avait le respect de tout le monde, y compris des plus jeunes journalistes qui n’hésitaient pas à le consulter pour profiter de son expérience et de ses connaissances.

Au nom de tous ceux qui t’ont côtoyé au journal à un moment ou à un autre de ta carrière, nous te disons merci, Jim. Tu vas nous manquer. On peut penser qu’il en sera de même pour tes lecteurs qui ont appris à te faire confiance au fil des ans.

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Julien SAGUEZ
Julien SAGUEZ
3 années

Très beau texte Gilles.
Bravo et merci à Jim!
Bonne retraite et au plaisir!

Luc Castonguay
Luc Castonguay
3 années

Wow le départ d’un pilier. D’un agréable commerce, Gilles s’en tenait aux faits et tâchait de rendre le tout digeste pour vos lecteurs…

Je n’ai jamais été « mal cité » par Gilles et il était d’un professionnalisme hors du commun.

Parfois on dit : « une retraite bien méritée », mais parfois on doit admettre qu’on le pense plus que d’autre… vous aurez compris que Gilles se classe dans cette catégorie !

Bonne retraite Gilles et ce fut un réel plaisir de travailler avec toi.

Le ou la successeur aura assurément de grandes pointures à chausser !

Luc Castonguay
Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu

Guylaine Bérubé
Guylaine Bérubé
3 années

Bonne retraite, mon cousin que j’aurais bien aimé connaître davantage!
Guylaine Bérubé

Jean Lamoureux
Jean Lamoureux
3 années

Un grand journaliste dont les lecteurs assidus du journal vont s’ennuyer. La relève aura de grands souliers à chausser mais en souhaitant qu’il marche dans ces traces.
Que de bons souvenirs. Gilles

PIERRE RAYMOND
PIERRE RAYMOND
3 années

BRAVO ET BONNE RETRAITE.