Pour que la pandémie ne soit pas un obstacle au deuil

Pour que la pandémie ne soit pas un obstacle au deuil
Même si la commémoration officielle de la personne décédée doit être reportée à cause de la pandémie, offrez-vous un espace de rituels créatifs dans la nature ou virtuellement. (Photo : Archives - Le Canada Français)

Un texte de Line Lacaille, psychothérapeute

Depuis le début de la pandémie, notre quotidien s’est transformé. Notre routine et ce qui nous paraissait acquis se sont transformés en nous laissant devant l’obligation de nous adapter à la situation et de faire le deuil de notre quotidien, habituel et prévisible, de nos projets ainsi que des personnes que nous avions l’habitude de côtoyer.

Alors que nous vivons ce confinement et ces pertes au quotidien, les médias nous rapportent le décompte journalier des personnes qui ont succombé au virus. Tous les décès, qu’ils soient dus au virus ou à une autre condition, représentent le deuil d’une ou de plusieurs personnes qui n’auront pu dire au revoir à la personne chère.

Cette situation particulière nous prive de la possibilité de se préparer à la fin de vie, d’accompagner la personne mourante et des rites qui nous permettraient de préparer le deuil pour continuer à vivre avec le souvenir de la personne.

Accompagnement
Bien que la religion ne soit plus la seule issue pour accompagner nos mourants, notre besoin de faire du sens de la vie de nos proches est demeuré intact.

Bien que le Québec ait une des espérances de vie parmi les plus élevées dans le monde, il ne décède pas moins de 68 000 personnes chaque année dans notre province. Comme la majeure partie de ces décès est attribuable à des maladies cardiovasculaires ou au cancer, l’accompagnement de fin de vie fait partie intégrante de nos codes sociaux. Alors que pouvons-nous faire maintenant que la distanciation sociale limite nos rituels de fin de vie?

Émotions
D’abord, sachez que la souffrance qui accompagne le deuil est normale et que les symptômes sont divers. Beaucoup auront un sentiment de déprime et même de dépression. Le désarroi, la culpabilité, l’incompréhension, la colère et bien sûr la tristesse sont quelques-unes des émotions pouvant être vécues par les endeuillés.

Il est même possible d’avoir des hallucinations où l’on a l’impression de voir la personne décédée, de ressentir sa présence et d’entendre sa voix. Ces symptômes sont considérés comme faisant partie d’un deuil normal (President and Fellows of Harvard College, 2011). Toutes ces manifestations s’estomperont au fur et à mesure que les phases de votre deuil évolueront.

Mesures
Les mesures de confinement complexifient les étapes de la fin de vie et du deuil, mais il demeure important de marquer cette fin de vie avec soi-même et avec ses proches. Des mesures peuvent être mises en place pour briser l’isolement. Par exemple, les plateformes de vidéoconférence peuvent permettre de se réunir pour accompagner le mourant, se parler après le décès et même pour ritualiser ce passage.

Même si la commémoration officielle de la personne décédée doit être reportée à cause de la pandémie, offrez-vous un espace de rituels créatifs dans la nature ou virtuellement. Ils aideront à canaliser et à apprivoiser vos émotions.

Conseils
Voici quelques exemples desquels vous pourrez vous inspirer pour créer les vôtres: faire un montage photo ou vidéo de la personne décédée, planter un arbre en souvenir de la personne, créer un groupe de partage de souvenirs en vidéoconférence, préparer un hommage à la personne décédée, écouter la musique qui rappelle cette personne. Et pour les personnes croyantes, utiliser des prières ou des chants de votre tradition peut apaiser vos émotions. Soyez créatif!

Ne restez pas seul dans le deuil. Rendez hommage à votre manière et parlez avec des proches. La parole a le pouvoir d’apaiser, de ressourcer et de soigner. La mort est une expérience humaine qui fait sens dans le dialogue et l’émergence du souvenir en soi.

Il y a quelque chose de plus fort que la mort… C’est la présence des absents dans la mémoire des vivants (Jean D’Ormesson).
À Madeleine, ma belle-mère, décédée le 7 avril 2020.

Chaque jour, vous pouvez consulter la page Facebook icimédias – COVID-19: l’équilibre quotidien afin d’y trouver des inspirations pour augmenter votre résilience.

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