Pas avantageux d’habiter Saint-Jean et de travailler sur la Rive-Sud

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Par Stéphanie MacFarlane
Pas avantageux d’habiter Saint-Jean et de travailler sur la Rive-Sud
L'économie sur les paiements hypothécaires pour vivre à Saint-Jean-sur-Richelieu est inférieure aux coûts engendrés pour travailler sur la Rive-Sud de Montréal. (Photo : Le Canada Français - Archives)

Même si les résidences sont moins dispendieuses à Saint-Jean-sur-Richelieu, il n’est pas économiquement rentable d’habiter en sol johannais et de travailler sur la Rive-Sud, conclut une récente analyse effectuée par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Dans sa publication S’éloigner pour acheter: le déplacement en vaut-il le coût?, la SCHL s’est questionnée sur l’aspect purement économique lié au transport additionnel que doit faire un Québécois qui décide de devenir propriétaire en banlieue tout en travaillant à Montréal ou sur la Rive-Sud.

«On a regardé les mouvements migratoires les plus fréquents des ménages de 25 à 44 ans qui quittent leur lieu de résidence pour aller s’acheter une maison unifamiliale. On a remarqué que pour Saint-Jean-sur-Richelieu, les gens qui partaient de Montréal pour aller à Saint-Jean représentaient un petit pourcentage des transactions de maisons à Saint-Jean. Or, il y a un plus grand lien entre Saint-Jean-sur-Richelieu et la Rive-Sud», explique Francis Cortellino, économiste connaissance du marché à la SCHL et auteur de la publication.

Si seulement 2% des ménages montréalais de 25 à 44 ans qui ont acheté une maison unifamiliale ont quitté l’Île pour Saint-Jean-sur-Richelieu en 2016, 14% des maisons achetées en sol johannais cette même année l’ont été par des résidents de la Rive-Sud.

De surcroît, 21% des ménages de 25 à 44 ans qui sont propriétaires d’une maison à Saint-Jean-sur-Richelieu vont travailler sur la Rive-Sud. «C’est un ménage sur cinq dont le soutien principal travaille sur la Rive-Sud. C’est non négligeable. Il y a un lien assez présent entre Saint-Jean-sur-Richelieu et la banlieue sud de Montréal», poursuit M. Cortellino.

Pas d’économie

Selon les données utilisées par la SCHL, tirées du recensement de 2016, le paiement hypothécaire mensuel médian des maisons unifamiliales achetées par les ménages de 25 à 44 ans en 2016 est relativement moins cher à Saint-Jean-sur-Richelieu comparativement à la Rive-Sud. La SCHL note un écart de 184$ par mois.

Or, cette économie devient une dépense de 48$ lorsque les frais liés au transport additionnel sont ajoutés. La SCHL mentionne que la différence dans le temps mensuel médian consacré aux déplacements vers le lieu de travail augmente de 6,9 heures pour un Johannais qui travaille sur la Rive-Sud versus un résident de la Rive-Sud qui œuvre sur ce territoire.

Temps perdu

«Il y a une économie sur le paiement de la maison parce qu’elle coûte moins cher, mais si on inclut le coût de transport par la suite, c’est à peu près égal, note Francis Cortellino. Les gens de Saint-Jean consacrent sept heures de plus par mois à se déplacer que les gens restés sur la Rive-Sud. Si les gens n’accordent aucune valeur à leur temps, ça ne change rien, mais s’ils accordent beaucoup de valeur à leur temps et qu’ils restent à Saint-Jean-sur-Richelieu tout en travaillant sur la Rive-Sud, ça devient un désavantage parce qu’ils ont à se déplacer pendant de plus longues heures pour se rendre au travail.»

Quant au choix des résidences entre la Rive-Sud et Saint-Jean-sur-Richelieu, M. Cortellino souligne que le parc immobilier est relativement similaire en termes de grandeur et d’année de construction.

Scénarios

Francis Cortellino précise que la publication est un exercice strictement financier. «C’est comme une calculatrice. C’est sûr qu’il y a d’autres facteurs qui font en sorte que les gens vont déménager. Ils vont choisir un quartier, une école, la proximité des services. La réalité est plus complexe que ceci», dit-il.

De plus, l’hypothèse utilisée par l’étude est celle d’une personne qui réalise cinq allers-retours par semaine entre sa résidence et son lieu de travail. Le scénario change si le travailleur peut effectuer du télétravail, ajoute Francis Cortellino.

Ou encore, si l’écart entre le prix des maisons à Saint-Jean-sur-Richelieu et sur la Rive-Sud se creuse ou si de nouveaux modes de transport collectifs sont développés.

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