Une entreprise de Saint-Jean à la conquête de l’espace

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Par Stéphanie MacFarlane
Une entreprise de Saint-Jean à la conquête de l’espace

Reaction Dynamics, une entreprise qui s’est installée à l’incubateur H2 de Saint-Jean-sur-Richelieu en juin 2019, souhaite conquérir l’espace. Son objectif? Développer une fusée afin de démarrer un service de lancement de satellites à faible coût d’ici 2023.

La fusée développée par Reaction Dynamics aura un diamètre de 1,5 mètre et une hauteur variant de 14 à 18 mètres. Elle permettra de lancer en orbite des satellites de 130 à 150 kilos sur une orbite héliosynchrone située à 500 kilomètres d’altitude, précise Bachar Elzein, président de Reaction Dynamics. Celui-ci a fondé l’entreprise en 2014, mais la compagnie a sa forme actuelle depuis 2016.

Le coût d’un lancement? Environ 2 M$. «On a probablement les prix les plus bas du marché», enchaîne M. Elzein. À titre comparatif, les lancements de SpaceX, qui permettent de mettre en orbite des satellites plus imposants, coûtent entre 60 et 100 M$ chacun.

Une fois la fusée et le moteur développés, l’objectif est de pouvoir procéder au lancement d’un satellite trois mois après la demande du client.

250 M$

Reaction Dynamics est en discussion avec des entreprises, notamment en Australie et dans l’est du Canada, pour pouvoir lancer ses fusées à partir d’un port spatial.

«Notre but est qu’on puisse avoir notre premier lancement d’ici la fin de 2022 et procéder au premier lancement commercial au début de 2023», indique Bachar Elzein.

Avant même d’être créé, leur service est déjà populaire. L’entreprise compte déjà plusieurs promesses de contrats. «On approche le 250 M$ en lettres de support. On a des clients qui sont prêts à payer. Il y a un très gros marché et ce n’est qu’une fraction du marché», explique Bachar Elzein.

Ces lettres viennent principalement de clients qui développent des satellites. «On va les intégrer dans notre fusée et on va l’amener à l’orbite qu’ils veulent», enchaîne Maxime Goulet-Bourdon qui est responsable des tests et du développement des affaires.

Charles Cossette, Julie Paquette, Maxime Goulet-Bourdon, Nathanaël Beaudoin-Dion et Bachar Elzein, tous de Reaction Dynamics, développent actuellement une fusée à Saint-Jean.

Environnement

Une fois que la fusée aura accompli son travail, Reaction Dynamics assure que les composantes de l’engin ne créeront pas de débris orbitaux.

«Dès que les éléments rentreront dans l’atmosphère, ils brûleront parce qu’on aura relâché les protections thermiques. Ça ne causera pas vraiment de pollution», mentionne Maxime Goulet-Bourdon. «Ça causerait plus de tort de les laisser en orbite», enchaîne Bachar Elzein.

Les deux ingénieurs précisent également que la nouvelle vague de carburants utilisés sont écoenvironnementaux. Et le faible coût de la fusée ne justifie pas que certaines composantes soient réutilisées.

Moteur

Reaction Dynamics travaille actuellement à développer un moteur de fusée hybride qui va contenir un oxydant liquide et un carburant solide. «Cette combinaison est généralement plus performante», mentionne Bachar Elzein.

Si les moteurs hybrides existent depuis les années 1930, ils éprouvent encore des problèmes de performance sur une longue période de temps. Or, Reaction Dynamics croit avoir trouvé la solution. Sur papier du moins. «On espère faire la démonstration d’ici la fin de l’été», indique M. Elzein. L’entreprise teste actuellement ses moteurs dans une ancienne mine de Thetford Mines.

Cette technologie permettra à l’entreprise d’avoir un moteur plus simple, plus léger, plus performant et surtout moins cher. Cette nouvelle technologie de moteur est protégée par un brevet provisoire. Reaction Dynamics a également d’autres brevets à son actif.

Investissements

Reaction Dynamics a bénéficié d’une première contribution de l’Agence spatiale canadienne (ASC) de 200 000$ en janvier 2018. Cela lui a permis d’avoir des employés à temps plein pour continuer son développement. Actuellement, elle compte cinq employés et deux stagiaires.

Et récemment, l’entreprise johannaise a obtenu 473 936$ de l’ASC dans le cadre du programme de développement des technologies spatiales.

Outre l’aspect monétaire de ces contributions, l’apport de l’ASC vaut son pesant d’or. «Ça apporte une validation de passer la revue technique de l’Agence et d’être sélectionné pour un tel programme. Ça donne beaucoup de crédibilité», mentionne Bachar Elzein.

Cela est d’autant plus nécessaire que l’entreprise est actuellement en ronde de financement. Elle souhaite amasser entre 3 et 4 M$ d’ici la fin de l’année 2019.

Bachar Elzein ne souhaite toutefois pas préciser le coût total du développement du moteur et de la fusée. Il précise seulement que ça va coûter significativement moins cher que ses compétiteurs. «Eux, ça leur a coûté entre 100 et 200 M$ pour développer des lanceurs. On avance étape par étape pour mitiger nos risques», indique-t-il simplement.

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Chloé_Montréal
Chloé_Montréal
4 années

OK, c’est génial et très ambitieux, quel courage de se lancer là-dedans, on leur souhaite bonne chance!

Alexandre Emond
Alexandre Emond
4 années

Fantastique! Un projet de licorne chez nous!!!!

Martin Riverin
Martin Riverin
4 années

J’aime que le projet vienne de chez nous! Cependant, il reste que BLUE ORIGINE récupère les parties de leurs fusée donc devient moins cher en bout de ligne et qui dépasse déjà la couche d’ozone pour atteindre l’atmosphère. Il est déjà possible d’acheter des billets pour un voyage dans l’espace mais qui est d’une courte durée de dix minutes au prix de 400 000E… Le carburant est très coûteux, est-ce possible de le faire avec le carburant solaire qui ne dégage que du co2 lors de sa combustion? Apparemment beaucoup plus performant et de source naturelle!