Innoltek relance les activités de QFI Biodiesel

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Par Stéphanie MacFarlane
Innoltek relance les activités de QFI Biodiesel
Le diesel est plus transparent, tandis que le biodiesel est plus jaunâtre et onctueux, ce qui réduit l'usure de pièces, explique Simon Doray. (Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

Innoltek, une entreprise originaire de Thetford Mines, a relancé, à Saint-Jean-sur-Richelieu, les activités de l’usine de production de QFI Biodiesel, qui a fait faillite, en rachetant les actifs et en y investissant près de 2 M$. La direction souhaite également y augmenter la production, mais est restreinte par la règlementation en vigueur.

En novembre 2017, Innoltek, fondée en 2010, a racheté les actifs de QFI Biodiesel. L’entreprise a opéré ses deux usines de Saint-Jean-sur-Richelieu et de Thetford Mines pendant dix mois avant de déménager l’ensemble de sa production à la fin de 2018 à son nouveau site. Celui-ci est situé sur le boulevard Pierre-Tremblay dans le parc industriel du secteur Iberville.

L’usine johannaise a été privilégiée en raison de sa position stratégique. «On a directement accès au train à l’arrière, ce qu’on n’avait pas à Thetford Mines. On a aussi facilement accès aux routes principales», mentionne Simon Doray, président-directeur général et copropriétaire d’Innoltek, en précisant qu’en tant que producteur de biodiesel, il souhaite réduire au minimum l’empreinte carbone de son produit.

Le biodiesel est un carburant renouvelable fait à partir d’huile végétale postconsommation, d’huile de poisson ou de gras animal recyclé. «La performance environnementale est assez bonne. Ça réduit les gaz à effet de serre de 95% comparativement au diesel», expose M. Doray. Outre le biodiesel, Innoltek produit des huiles de coffrage et des lubrifiants pour le pavage biodégradables.

Chimie

L’intérieur de l’usine d’environ 12 000 pieds carrés cache de nombreux réservoirs. «On reçoit les liquides, on les met dans les réservoirs et ensuite, on met le tout dans le réacteur pour la réaction chimique. Le biodiesel est très sécuritaire. C’est aussi dangereux que de l’huile végétale, illustre M. Doray. Ça prend 150 degrés pour l’allumer.»

À l’extérieur se trouve un réacteur où se produit la réaction chimique de la matière première avec le méthanol. La réaction se produit entre 12 et 24 heures. L’excès de méthanol est ensuite récupéré, suivi du raffinage. Une cuvée de biodiesel nécessite entre trois et quatre jours. «Avec un réacteur, on peut faire deux cuvées par semaine», note Simon Doray.

Investissement

Depuis un an, Innoltek a investi environ 750 000$ à Saint-Jean. «Le plan est d’investir 1 M$ dans la prochaine année pour consolider et augmenter la capacité», explique Simon Doray.

L’entreprise compte environ six employés. En période de pointe, notamment durant l’été, le nombre de travailleurs peut augmenter à une dizaine.

«On est encore embryonnaire. On a une production de six millions de litres par année. Si on a les moyens de progresser et de croître, ça pourrait monter jusqu’à une vingtaine d’employés», souligne M. Doray.

Il ajoute que l’entreprise a la capacité de produire 12 millions de litres par année. «On vise à fonctionner à 80% de la capacité l’été et à 60% l’hiver pour une moyenne annuelle de 70%, soit une production d’environ 8,4 millions de litres», poursuit M. Doray.

Règlementation

Depuis 2014, le chiffre d’affaires d’Innoltek est en croissance de 30%, avec une hausse marquée dans le biocarburant, souligne Simon Doray. Or, il croit que l’évolution de ce secteur se porterait mieux si le gouvernement provincial, à l’instar du fédéral, obligeait les pétrolières à utiliser une certaine quantité de biodiesel.

«Le marché grandirait si un règlement québécois sur l’utilisation de carburant renouvelable était adopté. Ça fait six ans qu’on se le fait promettre. Ça fait en sorte que c’est extrêmement difficile d’être un producteur de biocarburant renouvelable», expose Simon Doray.

Il rapporte qu’au moins cinq producteurs de biodiesel ont fait faillite ces dernières années au Québec, dont QFI Biodiesel. «Puisqu’il n’y a pas de réglementation québécoise, les pétrolières utilisent du biodiesel d’autres provinces pour respecter le règlement canadien», ajoute M. Doray.

Le biodiesel s’utilise en mélange, soit une concentration oscillant entre 2 et 20%, selon les saisons. Simon Doray ajoute que plus de quatre milliards de litres de biodiesel sont vendus aux États-Unis et environ 600 millions de litres au Canada. En attendant la règlementation, Innoltek compte divers clients au Québec, dont la Société de transport de Montréal. L’entreprise souhaite aussi s’ouvrir à l’exportation, notamment dans le nord-est des États-Unis et en Colombie-Britannique.

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