L’interminable saga du maire Laplante

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Par Gilles Levesque
L’interminable saga du maire Laplante

ÉDITORIAL

Malgré son passé trouble du temps où il était conseiller municipal, Alain Laplante est parvenu à accéder à la mairie de Saint-Jean-sur-Richelieu en novembre 2017. Sans doute pour avoir mené une meilleure campagne que ses adversaires sur le terrain, il faut le reconnaître, mais aussi parce que la population voulait du changement à ce poste important pour une municipalité qui franchira bientôt le cap des 100 000 habitants.

Avant d’entrer à l’hôtel de ville par la grande porte, M. Laplante en avait irrité plusieurs avec son comportement erratique, son ton méprisant et son petit côté haïssable. Rappelons-nous ses confrontations avec le maire Gilles Dolbec, plus particulièrement son allusion malheureuse de novembre 2012 dans la foulée des opérations de l’Unité permanente anticorruption.

Choqué de voir sa réputation être ainsi entachée, M. Dolbec s’était adressé aux tribunaux pour obtenir réparation. Il en a résulté une entente à l’amiable et des excuses publiques. Comme s’il n’en avait déjà pas assez fait, M. Laplante a menacé de mettre en demeure dix élus qui refusaient de lui rembourser ses frais d’avocat dans ce litige dont il était à l’origine. Il aurait déjà fallu y voir des signes préoccupants à son égard.

Dans les jours qui ont suivi son élection à la mairie, M. Laplante a vainement tenté d’imposer Justin Bessette comme maire suppléant pour les quatre années qui allaient suivre, ce qui était un non-sens en tenant compte du fait que ce dernier venait d’être suspendu par la Commission municipale du Québec pour une durée de 75 jours. C’était faire preuve d’arrogance que de vouloir débuter un mandat de la sorte.

Il y a ensuite eu l’entrée en scène de ce chef de cabinet, Guy Grenier, qui est au coeur de ce grand dérapage qui a marqué les assemblées publiques pendant près d’une année. Ami et conseiller de M. Laplante, cet homme s’était fait expulser d’une assemblée du conseil municipal qui ressemblait à celles que nous avons trop souvent vues depuis novembre 2017. Pour vous en convaincre, nous vous invitons à visionner sur YouTube la vidéo tournée le 16 novembre 2015. On le voit narguer le maire et résister à un policier.

La logique aurait par ailleurs voulu que M. Laplante gagne la confiance des trois indépendants assis autour de la table du conseil, tout en jouant d’astuce pour rallier quelques conseillers de l’ancienne équipe de Michel Fecteau. Cela lui aurait permis d’obtenir une majorité pour faire avancer plusieurs dossiers. En un rien de temps, il a plutôt réussi à braquer tout le monde contre lui, à l’exception des trois membres de son équipe dont la fidélité semble inébranlable. Mais pour combien de temps encore?

Ce climat malsain a eu de graves conséquences. Des réputations ont été mises à mal. Des cadres de la Ville sont tombés malades. Des conseillers ont été «diabolisés». C’est sans oublier certains supporteurs du maire Laplante qui y sont allés de commentaires déplorables, injurieux et condamnables sur les médias sociaux, voire même à l’hôtel de ville lors d’assemblées publiques.

Ce début de règne mal foutu est aussi marqué par des mises en demeure et des poursuites en série. Une certaine peur s’est installée. C’est sans oublier le record Guinness que le maire Alain Laplante veut éclipser en abusant de son droit de véto.

Son attitude et son incapacité à s’autoévaluer pour instaurer un meilleur climat à l’hôtel de ville font en sorte que la très grande majorité des conseillers sont désabusés. Tant dans son camp que dans l’autre. Ils n’ont pas été élus pour ça. Pas été choisis par la population pour se chicaner et riposter à des stratégies sans fin. C’en est désolant!

Trois plaintes pour harcèlement psychologique viennent par ailleurs d’être déposées contre lui par des cadres de l’hôtel de ville. Au Service des ressources humaines d’une part, mais aussi à la Commission des normes, de l’équité de la santé et de la sécurité du travail. Il faudra voir ce qu’il adviendra de ces plaintes qu’il faut prendre au sérieux dans l’état actuel des choses.

M. Laplante a par ailleurs trouvé le moyen de se mettre le milieu des affaires à dos. À tel point que la Chambre de commerce et de l’industrie du Haut-Richelieu a été contrainte d’annuler la conférence qu’il devait prononcer sur cette tribune le 21 février dernier. C’est sans précédent.

Pointés du doigt sur le site Facebook du maire pour avoir donné un billet d’infraction de 149$ à Jean-Luc Gamache pour des propos injurieux tenus contre le conseiller François Auger, le 10 septembre dernier, à l’hôtel de ville, la Fraternité des policiers et policières de Saint-Jean-sur-Richelieu, de même que le chef de police, André Fortier, se sont empressés de remettre Alain Laplante à l’ordre.

Qui d’autres? Ah! oui, il y a l’homme d’affaires Guy Samson qui lui a intenté une poursuite pour avoir supposément nuit au lancement du projet immobilier Évol lors de la campagne électorale, alors qu’il n’était pas un élu. À l’évidence M. Samson ne sera pas aussi gentil que le maire Gilles Dolbec. Une entente à l’amiable semble peu probable.

Selon nos informations, les frais d’avocat de M. Laplante pourraient déjà se chiffrer à quelques dizaines de milliers de dollars, une note qu’il veut refiler aux contribuables. Le conseil municipal lui a dit non. Pas de problème, M. Laplante va poursuivre la Ville! Nous pourrions continuer comme ça longtemps, mais à quoi bon. L’homme ne changera pas.

Après avoir tenté de le raisonner et de ramener l’ordre à l’hôtel de ville, la Commission municipale du Québec vient de porter des accusations contre lui. Dans un jugement sans équivoque, la juge Sandra Bilodeau retient dix des quinze allégations de manquements commis par le maire Alain Laplante à son code d’éthique et de déontologie. La procureure Naomi Gunst réclame 100 jours de suspension, sans rémunération. Le verdict sera bientôt connu.

Comme il en a l’habitude, M. Laplante joue à la victime. Il va même jusqu’à reprocher à la Commission municipale une apparence de partialité. Il aimerait qu’un nouveau juge se penche sur son dossier. Bref, il n’a plus confiance en ce tribunal. C’est son droit, mais il y a tout de même une limite à ce qu’on peut dire et faire lorsqu’on occupe une fonction comme la sienne.

Comment tout cela va se terminer? Difficile à dire, mais il faudra sans doute prendre son mal en patience durant deux années et demie encore. Et à lire ceux qui s’expriment sur les médias sociaux, toute l’équipe en place risque d’écoper pour le comportement d’un homme qui ne méritait visiblement pas de diriger la 11e ville en importance au Québec.

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Normand Lachance
Normand Lachance
4 années

C’est drôle, mais vous ne relevez absolumnent rien de toutes les bévues des opposants du maire…comme le refu de répondre aux questions des contribuables lors des séances du conseil, changer la période de question pour museler la population, et j’en passe…

Daniel Lemaire
Daniel Lemaire
4 années

Bravo M Levesque!
Un éditorial d’une très grande éloquence. Tout est dit et de très belle manière. Vouloir protéger ce personnage, relève d’un aveuglement complet, c’est comme cela que fonctionne une secte. Mais il y a toujours une fin pour les gourou. Vivement les prochaines élections.

Fraleb
Fraleb
4 années

BRAVO pour votre éditorial et pour ce rapport concis d’une situation qui perdure depuis trop longtemps

Sylvie Miron
Sylvie Miron
4 années

Voici ce qui se lit lorsqu’un journaliste prend sa plume pour démolir quelqu’un. Avis aux citoyens, si vous voulez connaître la VRAIE version, assistez aux séances du conseil. 🙄