Autres observations sur le populisme à l’échelle locale

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Par Myroslaw Smereka
Autres observations sur le populisme à l’échelle locale
(Photo : (Le Canada Français- Jessyca Viens-Gaboriau))

Dans la conception populiste de la politique, le peuple est envisagé comme étant homogène, moralement pur, et n’ayant rien en commun avec des élites immorales, corrompues et parasitaires.

Le populiste en appelle au vrai peuple, aux vrais gens, comme s’il pouvait y en avoir en toc. Il est pour la démocratie directe ou participative, contre la démocratie représentative. Il déteste et contourne les médiations, normales et nécessaires en démocratie. Il pense que les moyens institutionnels d’expression sont des écrans ou des rideaux de fumée. Comme il est censé naître directement du peuple, il s’adresse directement à lui. Le populisme est un plébiscite de tous les jours. Son langage est logiquement celui de l’interpellation.

Le «peuple» du populisme ou les «citoyens» du populisme à l’échelle locale n’a ni un sens ethnique, ni un sens politique, ni un sens social. Il ne se définit pas pour, mais contre: contre les élites. Le populisme conçoit le peuple comme «un et indivisible».

Les populistes se revendiquent comme étant les seuls légitimes à représenter le peuple et sa volonté. La revendication d’exclusivité de la représentation n’est pas empirique; c’est toujours nettement moral. Les populistes se caractérisent par une vision antipluraliste de la démocratie à travers la revendication du monopole de la représentation populaire.

La volonté du peuple est une fiction. Il n’y a pas de volonté politique, voire une seule opinion politique dans une démocratie moderne, complexe, pluraliste; bref, énormément compliquée.

Ce monopole moral qu’ils revendiquent engendre une double exclusion dangereuse pour la démocratie. Premièrement, tous les autres partis sont illégitimes, corrompus, «tous pourris», «l’establishment» ou «les malveillants». Deuxièmement, les citoyens qui ne les soutiennent pas politiquement n’appartiennent pas à ce «peuple vrai».

Ils seraient les seuls représentants du peuple véritable, tous les autres partis étant, d’une manière ou d’une autre, illégitimes. Les populistes considèrent que des élites immorales et parasitaires viennent constamment s’opposer à un peuple moralement pur.

Le populisme remplace l’analyse des contradictions sociales par le fantasme du peuple-un, du peuple unifié par son hostilité à ses ennemis.

On assiste à «l’exploitation systématique du rêve», en ce sens «que le populisme récuse par ignorance ou malhonnêteté la nature même de l’art de la politique ou, plus précisément, qu’il s’oppose au temps normal de la politique, régi par la longue durée et l’incapacité de satisfaire dans l’instant toutes les demandes à la fois.»

Le populisme relève d’une rhétorique manichéenne fondée sur la «célébration du peuple bon, juste, simple» et «le rejet des élites corrompues, incompétentes et complices», qui ont «trahi» le peuple. L’égalité est une valeur démocratique; l’homogénéité basée sur une certaine fantaisie de «gens purs» n’en est pas une.

L’essence du populisme, c’est l’antipluralisme. Or il n’existe aucune démocratie sans pluralisme.

En politique, le pluralisme est un système d’organisation qui reconnaît et accepte la diversité des courants d’opinion, de leurs représentants et des partis politiques. Il est l’un des fondements de la démocratie. Le pluralisme sous-entend la liberté d’opinion et d’expression ainsi que la reconnaissance des partis politiques.

En terminant, Il existe un peuple arithmétique: le peuple électoral. C’est le peuple qui est le plus fondamental, tout le monde peut faire parler le peuple en disant «le peuple ou les citoyens pensent que», mais personne ne peut dire que 9 est inférieur à 4. Il y a une espèce d’évidence et de puissance du peuple arithmétique. Le peuple arithmétique est à la fois une force dirigeante et une force de pacification dans la démocratie, car il est le pouvoir du dernier mot. Le fait majoritaire est un pouvoir du dernier mot.

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Gaétan Barrière
Gaétan Barrière
3 années

notre belle rivière appartient encore aux faux millionnaires pis les gros bateaux