Les hauts et les bas de la vaisselle ancienne

Par Mario Wilson
Les hauts et les bas de la vaisselle ancienne
Ce pot à cuillère de la compagnie Carnaval a perdu de sa valeur au cours des dernières années. Il vaut environ 45$.   

À la question très négative de certaines personnes de mon entourage, à savoir si les antiquités intéressent toujours le peuple québécois, étant donné le peu d’utilité de certains meubles, je réponds qu’il faut toujours nuancer.

Comme je l’ai déjà mentionné lors de chroniques antérieures, la mode est actuellement aux pièces uniques, c’est-à-dire les belles armoires de pin de deux cents ans et plus, les cruches de grès agrémentées de fleur très élaborée ou encore la pièce de céramique «studio», entendons «unique», des céramistes québécois dont la production date de la Révolution tranquille des années 1960.

Même si plusieurs fabricants d’objets anciens, comme certaines pièces de verre, céramique ou œuvres d’art, ont produit des objets par milliers, de nombreuses associations de collectionneurs perpétuent l’engouement malgré une certaine perte de vitesse quant à la valeur marchande d’il y a quelques années.

Verre Carnaval

Prenez par exemple cette pièce de verre Carnaval de la compagnie Northwood (1908-1923), de verre clair et portant le nom de motif «cherry and cable».

Deux conditions importantes sont à la source du désintéressement des collectionneurs concernant cette production bien précise. D’abord cette compagnie a produit à très haut régime des pièces de verre et un rachat des moules en 1923 (à la suite de la fermeture de la compagnie), a provoqué une arrivée sur le marché de pièces non produites initialement par la Northwood.

Non seulement les pièces marquées du N souligné furent-elles produites en plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, mais également il y a le fait qu’il est très difficile de distinguer (même pour les plus spécialisés dans ce domaine de collection) l’origine de la pièce. Cela provoque aujourd’hui un ralentissement du marché pour cette production de verre «Carnaval».  

Valeur

Ce pot à cuillère ne fait pas exception à la tendance actuelle. Il y a quelques années, ce pot de verre valait bien près de 70$ sur le marché. À peine atteint-il les 45$  aujourd’hui.  Tout comme cette catégorie de verre d’origine américaine, la céramique anglaise, signée Moorcroft, souffre également de la production de masse et perd ainsi du terrain sur le marché des antiquités. Il s’agit donc d’une problématique internationale.

Les pièces de céramique de petite production française, comme celles de René Buthaud (1886-1986), affichaient des prix absolument inaccessibles à la dernière Biennale des Antiquaires de Paris.  Sa production, voisine de celle de Jean Cartier (1924-1996), notre grand céramiste québécois, laisse bien voir que les pièces uniques ont actuellement la cote.

Avis aux investisseurs ou aux gens qui ont laissé dormir de telles pièces dans le haut de leurs armoires de cuisine.  C’est le moment laisser sortir vos pièces uniques pour les remettre sur le marché. Gardez par contre vos pièces de verre «Carnaval». Il y aura certainement un temps davantage favorable à la revente.

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