L’ancêtre du divan-lit

Par Mario Wilson
L’ancêtre du divan-lit

Parmi les pièces de mobilier ancien du Québec, qui n’a pas entendu parler du banc de quêteux? Avec les belles grandes armoires, les berceaux, les chaises berçantes et les tables de réfectoire, ce banc est sans nul doute un digne représentant de notre patrimoine québécois. Heureusement qu’il y a quelques amateurs de notre histoire qui trouvent encore aujourd’hui assez d’espace dans leur maison pour y installer un meuble aussi imposant.

Dans le cas qui nous occupe, on ne peut pas dire qu’il s’agit d’une pièce de mobilier des plus élégantes. Quoi qu’il en soit, jetez simplement un coup d’œil aux planches ayant servi à la fabrication de ce divan-lit d’époque. Il ne se trouve dorénavant plus, dans le monde, de planches de pin aussi larges. La taille des arbres que les découvreurs français ont rencontrés en arrivant dans cette contrée sauvage de la Nouvelle-France devait certainement faire rêver plus d’un ébéniste.

Centenaire

La planche du devant (qui devient le fond de la paillasse lorsque le banc est ouvert), celle du siège ainsi que le dossier ouvragé sont des parties d’un tronc qui devait certainement être plus que centenaire. La patine de ce meuble, trahissant bien l’âge de sa fabrication, constitue également un élément de premier plan lors de l’examen afin d’en établir la valeur marchande. L’environnement qui enveloppe cette magnifique pièce de notre patrimoine est tout aussi intéressant.

De très nombreuses pièces de mobilier ancien, des tableaux de grands maîtres de chez nous et des vaisseliers pleins à craquer de nombreuses verreries et d’ensembles de vaisselle importée, le tout dans une maison plus vieille encore que l’arrivée du premier chemin de fer à Saint-Jean. Il est tellement réconfortant notre mobilier national lorsqu’on le respecte et qu’on l’utilise tout en le mettant en valeur. Nous n’avons donc pas parlé de valeur marchande chez cet homme dont la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. C’est avec une petite pointe d’envie et de jalousie que nous lui avons répété ce qu’il a sans doute très souvent entendu, vous vivez dans un doux environnement de sagesse, de calme et de respect.

Misère

Soyez sans crainte, une telle pièce de mobilier a son prix. Dans un musée, un centre d’interprétation de notre histoire ou dans la maison cossue d’un historien, on ne passe jamais à côté d’un tel banc de quêteux sans avoir en tête que les gens qui y ont dormi ont aussi vécu la misère et l’humilité. Et pourtant, la valeur marchande d’une pièce aussi rare et en si bonne condition, tourne facilement autour de quelques milliers de dollars. Il s’en vend tellement peu souvent, qu’il est difficile d’en établir un prix de vente; la couleur d’origine, les éléments décoratifs et l’état de conservation sont des caractéristiques qui influencent directement le coup de cœur des futurs acheteurs.

Je vous dirais que ces éléments font très justement partie de la décision de vendre ou conserver le banc… pour les futures générations de la famille. Je serais le premier surpris si cette pièce de patrimoine se pointait le nez sur le marché des antiquités québécoises d’ici quelques dizaines d’années; dans ce domaine, la patience est une très belle vertu!

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