Duhamel après le départ de la Singer

Par Raymond Marier
Duhamel après le départ de la Singer

Cette semaine, nous terminons le récit de notre séjour à Duhamel (Québec) en vous racontant comment cette municipalité s’est développée autour du lac Gagnon depuis les années 1960, après le départ de la Singer.

M. Poliquin, père, avait été engagé par la Singer comme gérant général des activités de la compagnie au début des années 1950: opérations forestières, auberge, golf, magasin général.

Il semble qu’avec ce poste important, son expérience et ses qualités personnelles, il ait conquis le cœur de la population qui l’a élu maire pendant plus de vingt ans, de 1955 à 1976.

Son fils Guy nous apprend que son père avait été congédié par la Singer et remplacé par un ingénieur vers 1959. Il avait obtenu de très bonnes conditions de fin d’emploi, s’empresse-t-il d’ajouter.

Ayant hésité entre s’établir à Montréal et rester à Duhamel, M. Poliquin a choisi Duhamel après avoir rendu visite aux patrons de la Singer à New York. C’était en 1960, il avait pris l’avion et était revenu quelques jours plus tard, ayant acheté la Pointe à Baptiste sur le bord du lac Gagnon. Guy nous assure que le prix et les conditions de paiement étaient raisonnables.

Protestations

À l’époque, il s’agissait d’une partie de forêt donnant sur le lac. Aujourd’hui, on dirait plutôt qu’il s’agissait d’un kilomètre de berges aux magnifiques plages de sable donnant sur un immense lac à l’eau claire. Une construction s’y trouvait, le camp du Club sportif Singer. La compagnie avait oublié de l’exclure de la transaction. Des protestations et des négociations menées par les employés, en particulier par M. Wellie Bonefon, ont permis de récupérer le camp et le petit terrain sur lequel il était bâti.

Par la suite, M. Poliquin a bâti sa maison sur la Pointe, une marina, un camping, puis au village, le dépanneur magasin général, le service d’essence, le bureau de poste. Une grande partie de la Pointe a été subdivisée et les terrains ont été vendus à des particuliers. Aujourd’hui, Guy, maître de poste depuis plus de 30 ans, gère l’entreprise familiale et s’implique dans la vie communautaire.

Aujourd’hui

Le lac Gagnon, longtemps méconnu, attire de plus en plus de gens. La venue, entre autres, du célèbre acteur français Pierre Richard y est pour beaucoup. M. Richard serait tombé sous le charme d’un chalet sur le bord du lac et aurait fait au propriétaire une offre impossible à refuser. C’est comme ça que, depuis quelques années, le prix des propriétés et des taxes a monté en flèche. On n’y construit plus de camps sur pilotis. Les chalets, les nouvelles résidences secondaires, de petits châteaux devrait-on dire, s’insèrent harmonieusement dans le paysage et composent un intéressant tour du lac d’une vingtaine de kilomètres.

Les Français ont découvert la région. Les prix demeurent abordables pour ceux qui vivent dans un pays où la terre et l’immobilier coûtent au moins deux fois plus cher qu’ici. La nouvelle auberge Couleurs de France en fait la promotion et les accueille, été comme hiver.

Pendant que nous discutons au dépanneur, un groupe d’une dizaine de Français s’arrêtent pour faire le plein d’essence de leurs motoneiges et achètent une queue de renard, un chapeau de fourrure ou des mitaines de cuir.

Gymnastique de départ

La météo annonce qu’il fera -30 degrés durant la nuit et nous partons demain matin. Prévenant, Raymond laisse les portes de la voiture déverrouillées au cas où ça gèlerait trop fort. Mais, le lendemain, impossible d’ouvrir les quatre portes de la voiture prises dans un pain de glace. Seule la porte du coffre arrière s’ouvre. Il s’agit d’une Hyundai Accent et Raymond tente de s’y engouffrer.

Imaginez la scène, ne soyez pas méchants et visualisez bien la gymnastique du corps encore svelte, mais quand même 199 livres dans 5 pieds 6 pouces et demi, qui essaie de se contorsionner jusqu’au siège avant afin de faire démarrer le moteur. Vous riez? Raymond aussi, maintenant que c’est terminé. En plaçant l’auto en plein soleil, la chaufferette à plein régime, au bout d’une heure, on a réussi à ouvrir la porte du passager.

Nous quittons à regret ce beau coin de pays qui nous a fait mieux connaître l’histoire de la Singer et de la machine à coudre qui a révolutionné la vie des femmes dans le monde entier. D’entreprise innovatrice et très riche, modèle de développement industriel international, elle a été victime des décisions d’une nouvelle génération de hauts dirigeants qui ont encaissé énormément d’argent sans se préoccuper du futur de l’entreprise.

La semaine prochaine, nous reprendrons le cours de notre voyage en Europe de l’Est.

Lac Gagnon – Situé à 45 km au nord de Papineauville – 18 kilomètres carrés de superficie – Quatre kilomètres dans sa partie la plus large – Une eau de qualité exceptionnelle

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