Carnets du chemin du Roy

Carnets du chemin du Roy

Les éditeurs québécois publient tous une ou deux collections d’ouvrages gravitant autour d’un même genre littéraire ou d’un même thème. Parmi celles qui ont ma faveur, il y a les «Carnets» que publient Les Heures bleues. Chacun de ces livres invite à visiter un coin du Québec ou d’ailleurs, dont la ville de Paris. Tous sont illustrés d’œuvres picturales originales, généralement des aquarelles, et proposent des textes sérieusement documentés sur l’histoire ou des points d’intérêt des lieux visités.

Il ne faut surtout pas croire qu’ils sont des albums d’images à placer bien en vue sur une table à café. Ce serait se priver d’un plaisir souvent décuplé tant ces «Carnets» nous guident sur des sites remarquables de notre patrimoine naturel ou architectural et nous instruisent intelligemment de leur histoire.

Le seizième de ces ouvrages qui vient de paraître s’intitule Carnets du chemin du Roy. Gilles Matte en signe les aquarelles et Geneviève Auger, les textes. L’aquarelliste en est à sa quatrième contribution à la collection, ayant été de l’aventure des Carnets du Saint-Laurent, des Carnets des îles de la Madeleine, des Carnets du Vieux-Québec, ce dernier également cosigné avec Geneviève Auger.

Les auteurs ont divisé le parcours, de Québec à Montréal, en sept segments: Cap-Rouge, Saint-Augustin-de-Desmaures, Neuville; Les Écureuils, Donnacona, Cap-Santé, Portneuf; Deschambault, Grondines, Sainte-Anne-de-la-Pérade; Batiscan, Champlain; Pointe-du-Lac, Yamachiche, Louiseville; Maskinongé, Saint-Barthélemy, Saint-Viateur, Berthierville; Lanoraie, Lavaltrie, Saint-Sulpice, Repentigny.

Chacun d’entre eux est d’abord représenté par une carte identifiant les villes et villages le composant et par des indications relatives aux variations de l’itinéraire du chemin du Roy au fil des ans. Je remarque également le rappel constant du Saint-Laurent, l’incontournable axe fluvial qu’il longe, l’indication d’autres cours d’eau d’importance et le tracé de l’autoroute 40, la bien nommée Félix-Leclerc.

Chaque arrêt donne l’occasion à Mme Auger de fournir des précisions historiques propres à cet endroit, notamment sur l’importance du chemin du Roy sur sa vie socioéconomique. Chaque halte ouvre grand les portes de ses paysages particuliers, sur des maisons de ferme et leurs bâtiments, sur des maisons bourgeoises de diverses époques et sur certaines constructions devenues des lieux historiques.

On ne lit jamais les «Carnets» d’un trait, sinon ce serait se priver de belles et intéressantes découvertes patrimoniales, cela m’a semblé encore plus vrai avec les Carnets du chemin du Roy. Il faut dire que l’ouvrage m’a fait faire un agréable retour à ma petite enfance, alors que deux ou trois fois l’an, en compagnie de mes parents et de ma grand-mère maternelle, nous empruntions la route 138 à partir de Lavaltrie pour aller jusqu’à la Capitale nationale, puis à Saint-Anne-de-Beaupré.

L’ouvrage de Geneviève Auger et Gilles Matte m’a également ramené à Saint-Barthélemy où vivait encore une tante de ma mère; les illustrations du Rang York ont ravivé des souvenirs de son grand-père, Ovila Farley.

Quand on pense que ce chemin du Roy fut durant des décennies la plus longue route terrestre en Amérique du Nord, c’est la fierté de nos ancêtres qui prend la place qu’ils méritent dans nos livres d’Histoire. «Je me souviens» n’est donc pas une simple devise, mais il nous rappelle le devoir de mémoire que nous avons à l’égard de ce passé qui nous a menés jusqu’au 21e siècle.

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