De la restauration à la mécanique de véhicules légers

Par Anne Ammerlaan
De la restauration à la mécanique de véhicules légers
Après 20 ans dans le domaine de la restauration et de l'hôtellerie

CARRIÈRE. Depuis son enfance, Marie-Laure Avezedo rêve de travailler avec les petits moteurs. À 43 ans, elle a décidé de suivre son cœur. La détermination de cette étudiante en mécanique de véhicules légers lui a récemment valu le prix Transports du concours Chapeau les filles!

Du haut de ses 5 pieds 1 pouce, Marie-Laure Avezedo a eu une surprise de taille en démarrant sa formation en mécanique de véhicules légers à l’École professionnelle des métiers de la Commission scolaire des Hautes-Rivières à Saint-Jean-sur-Richelieu.

«Dès ma première semaine de formation, il était évident que la hauteur des postes de travail était étudiée pour une taille moyenne d’homme», décrit-elle.

Constatant l’obstacle, Mme Avezedo s’est immédiatement mise à la recherche d’une solution. Une poignée de vis, une caisse de vin et quelques morceaux de deux par quatre plus tard, elle s’était confectionné une estrade.

Cet esprit d’autonomie et de débrouillardise, Marie-Laure Avezedo en a fait une philosophie de vie. «Il ne faut pas se laisser rebuter par les détails. Il faut plutôt s’adapter, réfléchir et trouver des trucs», assure-t-elle.

Oser sa passion

Que Marie-Laure Avezedo décide de réorienter sa carrière vers un domaine à prédominance masculine était naturel pour elle, mais sa famille en France aurait certes levé le sourcil.

«Mon grand-père avait toujours les mains dans les moteurs. Je pouvais le regarder toute la journée! Mais je suis née au sud de la France, dans une culture machiste. On me disait que ce travail n’était pas fait pour les filles», expose-t-elle.

Mme Avezedo a donc poursuivi des études en hôtellerie et en restauration. Au bout de vingt ans, elle était saturée.

«J’en avais le gros ras-le-bol. À 43 ans, c’était devenu important pour moi d’être capable de prévoir des vacances et des soupers avec des amis», raconte celle qui avait déjà commencé à mijoter les fondements de son nouveau métier.

«Il y a quelques années, je me suis acheté une moto. Un vieux Vulcan 1996, 500 CC. Qui dit vieille moto dit problèmes réguliers. L’envie de trouver les causes de ces petits problèmes mécaniques, et surtout de les régler a tranquillement resurgi», se souvient-elle.

L’année suivante, elle s’est acheté une maison avec un très grand terrain à Shefford, près de Granby. «Qui dit terrain dit nombreux outils à moteur. L’idée de faire de cette passion une carrière s’est alors imposée comme une évidence», raconte-t-elle avec entrain.

Chapeau!

Marie-Laure Avezedo a été récemment honorée par le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports. Elle était à la fois enchantée et étonnée d’apprendre qu’elle était la lauréate du prix Transports de l’organisation dans le cadre du concours Chapeau les filles!.

«C’est une belle tape dans le dos. Ça me dit que oui, j’ai fait le bon choix, je suis à la bonne place», indique celle qui s’est ainsi prévalue d’une bourse de 2000 $.

Marie-Laure Avezedo a récemment complété la première année du programme mécanique de véhicules légers. Elle compte acquérir de l’expérience en entreprise avant de démarrer sa propre compagnie d’entretien et de réparation mobile.

 «Je perçois ce défi un peu de la même façon que lors de mon arrivée au Québec. En tant qu’immigrante, donc, en tant que minorité, la bonne attitude à avoir n’est pas de vouloir imposer sa propre façon de faire à un groupe déjà établi, croit-elle. Si on veut s’intégrer et être acceptée, il faut être à l’écoute, comprendre, être prête à apprendre, à modifier certaines façons de faire tout en mettant à profit nos propres valeurs et aptitudes», conclut Marie-Laure Avezedo.

 

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires